Nous avons tenu mardi 28 novembre notre 25e Conseil du 8e arrondissement de la mandature. J'ai concentré mes principales interventions sur les dossiers prioritaires pour les habitants du 8e et pour l'arrondissement.
J'ai d'abord dénoncé une nouvelle fois le projet de logements sociaux au 37 avenue George V, un dossier emblématique de la politique idéologique du logement social menée par la Ville de Paris. Je me suis ensuite abstenue voire opposée à plusieurs subventions de la Ville de Paris, soit parce qu'elles n'étaient pas justifiées, soit parce qu'elles bénéficiaient à une institution dont la mauvaise gestion est notoire. Si je me suis abstenue sur le projet de nouveau "Plan Climat", dans l'attente de la nouvelle version enrichie qui nous sera présentée au printemps, j'ai émis un avis favorable sur le "Plan Piéton", une première étape qui va dans le bon sens, même s'il faut aller beaucoup plus loin.
Enfin, j'ai défendu deux vœux et posé une question. Le premier avait pour objectif de renforcer de toute urgence la lutte contre les salons de massage dissimulant des activités de prostitution. Le second visait à corriger les externalités négatives, pour la rue de Liège et son carrefour, du nouveau plan de circulation du quartier Europe. Enfin, ma question portait sur l'inversion du sens de la circulation sur le tronçon de la rue de Monceau entre les rues de Téhéran et de Vézelay.
Vous trouverez ici l'ordre du jour initial de la séance (ici le relevé des délibérations ainsi que le compte rendu intégral) et ci-dessous un compte rendu synthétique de mes principales interventions et prises de position.
37 avenue Georges V : un dossier emblématique de la politique idéologique du logement social
La délibération 2023 DLH 363 concernait la réalisation au 37 avenue George V d’un programme d'acquisition de 23 logements sociaux par Paris Habitat - 7 logements "PLAI", 9 logements "PLUS" et 7 logements "PLS".
Les logements PLAI, financés par le Prêt Locatif Aidé d’Intégration, sont attribués aux locataires en situation de grande précarité. Les logements PLUS, financés par le Prêt Locatif à Usage Social, correspondent aux locations HLM. Les logements PLS, financés par le Prêt Locatif Social, sont attribués aux candidats locataires ne pouvant prétendre aux locations HLM, mais ne disposant pas de revenus suffisants pour se loger dans le privé. Les logements PLI, financés par le Prêt Locatif Intermédiaire et également attribués aux personnes dont les revenus sont trop élevés pour pouvoir être éligible à un logement HLM, mais trop faibles pour se loger dans le parc privé.
Le 19 septembre dernier, nous avions déjà examiné la délibération 2023 DU 97 concernant la cession au bailleur social Paris Habitat de l'immeuble situé au 37 avenue George V.
Le dossier du 37 avenue George V est emblématique de la politique idéologique du logement social menée par la Maire de Paris. Créer des logements sociaux dans l'un des quartiers les plus chers de la capitale, c'est une provocation gratuite de la gauche vis-à-vis de la droite parisienne coûteuse pour les contribuables parisiens. Deux à trois fois plus de logements sociaux pourraient être en effet créés ailleurs dans des quartiers moins chers… C'est donc une faute politique !
Pourtant, la Maire du 8e arrondissement avait voté "pour" la délibération 2023 DU 97 lors de notre Conseil d'arrondissement du 19 septembre. Puis, l'usage du Conseil de Paris voulant que le groupe vote comme le Maire d'arrondissement sur une délibération qui concerne son arrondissement, les élus du groupe Changer Paris n'ont pas pu s'opposer à cette délibération, comme ils l'auraient voulu, lors du Conseil de Paris début octobre. Ses homologues ne comprennent pas les positions de Mme d'HAUTESERRE...
Pour ma part, ma position sur la politique publique du logement social est constante et nuancée. Ce sujet mérite mieux que les caricatures auxquelles la gauche veut réduire le débat. Je suis "POUR" une politique du logement social pour mieux loger à Paris les familles, les classes moyennes et les salariés des métiers en tension. Mais je suis "CONTRE" la politique de production et d'attribution des logements sociaux menée par l'Hôtel de Ville de Paris. Je dénonce la politique des provocations gratuites mais coûteuses du logement social menée par Mme HIDALGO à Paris en général et dans le 8e arrondissement en particulier. A ses yeux, la capitale sera toujours trop déficitaire en logements sociaux, même si elle dépasse déjà le taux légal de 25% prévu par la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU). Sa posture idéologique est la même pour le 8e, bien que notre arrondissement compte déjà 894 logements sociaux, soit une augmentation de + 604% depuis 2001.
Cette politique idéologique du logement social représente un coût exorbitant pour le contribuable parisien, raréfie les logements disponibles sur le marché locatif privé et réduit les surfaces de bureaux indispensables au dynamisme économique de la capitale. C'est le cas dans l'arrondissement emblématique du quartier central des affaires qu'est le 8e. La Maire de Paris persévère ainsi sur la voie sans issue de la collectivisation des logements, de la décroissance de l'activité économique, de la bétonisation et de la densification à outrance.
Pour ma part, je soutiens les positions et propositions de la droite parisienne sur la politique du logement social. La droite propose un moratoire sur la transformation de logements libres en logements sociaux, le redéploiement des investissements de la préemption vers la rénovation du parc social, et l'inscription de la politique du logement dans une politique plus globale de l'habitat, pour retenir les Parisiens dans la capitale, en préservant une mixité fonctionnelle et sociale qui prenne en compte le cadre et la qualité de vie.
Compte tenu de ce qui précède, et dans la mesure où aucune convention ne garantit aujourd'hui que les futurs occupants du 37 avenue George V seront bel et bien des salariés des métiers de l'hôtellerie et de la restauration, ainsi que des familles de la classe moyenne, y compris pour les seuls 6 logements dont la Maire du 8e devrait décider l'attribution, j'ai émis un avis défavorable sur ce projet de délibération. La Maire du 8e n'ayant pas la main sur l'attribution de la majorité des logements sociaux, en votant cette délibération, au mieux elle subit, au pire elle souscrit, finalement, à cette politique de la Maire de Paris.
Toute subvention devrait être conditionnée à la bonne gestion
La délibération 2023 DAC 50 concernait une subvention d'un montant - astronomique ! - de 12 650 000 euros au bénéfice de l'association du Théâtre de la Ville.
Salle majeure de la capitale, le Théâtre de la Ville, rebaptisé Sarah Bernhardt, a enfin rouvert en septembre dernier, après de longs travaux de modernisation. Pour mémoire, pendant le chantier, le directeur du théâtre et ses équipes avaient trouvé refuge dans notre arrondissement, à l'Espace Cardin. Fort d'une équipe d'une centaine de collaborateurs, le directeur du Théâtre, M. Emmanuel DEMARCY-MOTA, dispose désormais d'un budget de fonctionnement de 10 millions d'euros.
Ces travaux du Théâtre de la Ville avaient dérapé sur tous les plans. Ni le calendrier ni les coûts n'avaient été tenus. Ils avaient duré sept ans au lieu de trois. Et leur coût s'était élevé à 48 millions d'euros au lieu de 30 millions d'euros, à la charge des contribuables parisiens.
La presse avait régulièrement rendu compte de dysfonctionnements inacceptables, faute d'un minimum de concertation entre les différents acteurs du chantier. Mais, depuis, aucun responsable de ces dysfonctionnements n'a été sanctionné...
La mauvaise gestion du théâtre d'en face, le Théâtre du Châtelet, devrait nous inviter à la plus grande prudence. Rouvert en 2019, il est en effet un "puits sans fond" qui accuse chaque année un déficit budgétaire de 5 à 8 millions d'euros, en raison d'une convention collective indûment avantageuse et d'une programmation pour le moins hasardeuse.
En l'absence de véritable volonté politique de l'Hôtel de Ville d'améliorer la gestion de ses institutions culturelles, je me suis abstenue sur cette subvention au Théâtre de la Ville.
Illuminations de Noël : concentrons l'effort financier au bénéfice des commerçants de proximité
Nous avons à nouveau examiné cette année sept projets de délibération proposant de subventionner des associations de commerçants pour les illuminations de fin d'année de plusieurs voies de l'arrondissement : la délibération 2023 DAE 226 pour l'association des commerçants de la rue Marboeuf-Sud (3 900 euros), la délibération 2023 DAE 227 pour l'association des commerçants de la rue Vignon (3 300 euros), la délibération 2023 DAE 228 pour l'association Champs de l'Europe (2 800 euros), la délibération 2023 DAE 229 pour le Comité du Faubourg Saint-Honoré (19 800 euros), la délibération 2023 DAE 230 (7 000 euros), la délibération 2023 DAE 231 pour l'association le Carré de la Madeleine (9 300 euros), la délibération 2023 DAE 232 pour le Comité Champs-Elysées (220 000 euros). Cette année, le montant total des subventions pour le 8e arrondissement s'élève à 266 100 euros ; autrement dit, la subvention de 220 000 euros prévue pour le Comité Champs-Elysées représente plus de 82% du montant total des subventions pour notre arrondissement.
Par principe, je suis favorable aux illuminations des rues commerçantes pour Noël et les fêtes de fin d'année. Elles contribuent à leur animation au moment d'une importante activité commerciale, conviviale et familiale. Je me réjouis par ailleurs que la Ville de Paris soit respectueuse de la tradition de Noël. Mais je veux distinguer les acteurs économiques : la différence objective de situation entre les commerçants de proximité et les grandes enseignes du luxe et de la mode devrait justifier une différence de traitement dans l'aide financière apportée par les contribuables parisiens.
D'autant que nous sommes dans un contexte parisien particulier. D'un côté, la dette de la Ville de Paris dépasse d'ores et déjà les 8 milliards d'euros. La Maire de Paris a augmenté la taxe foncière des Parisiens de + 52%. Sans oublier son déplacement dans "l'affaire Tahiti", d'un coût financier de 60 000 euros. De l'autre côté, la Maire de Paris soutient une écologie "punitive", avec la mise en place à marche forcée de mesures telles que les zones à faibles émissions (ZFE), les zones à trafic limité (ZTL) ou encore la rénovation énergétique des copropriétés et l'interdiction progressive de la location de logement en fonction du diagnostic de performance énergétique (DPE). Sans oublier le même déplacement dans "l'affaire Tahiti", d'un coût carbone d'environ 60 tonnes de CO2.
Dans ce contexte qui devrait inviter à une certaine sobriété financière et énergétique, je m'étonne donc que la Maire de Paris ne saisisse pas toutes les occasions qui se présentent à elle de rééquilibrer son bilan budgétaire et son bilan carbone. Elle aurait ainsi pu réviser le subventionnement de certaines illuminations pour des motifs financiers et environnementaux. Lorsque le souhaitable est possible, pourquoi procrastiner ?
Ainsi, les grandes enseignes du luxe et de la mode de l'avenue des Champs-Elysées ont-elles vraiment besoin de l'argent du contribuable parisien pour attirer la clientèle ? Le Comité Champs-Elysées a déjà obtenu de Mme HIDALGO que les Parisiens financent des dizaines de millions d'euros pour le "réenchantement" des trottoirs de l'avenue éponyme. Il obtient désormais de la Maire que les Parisiens financent aussi son éclairage de Noël...
Compte tenu des circonstances et de la priorité financière qui devrait être accordée aux commerçants de proximité, j'ai émis un avis favorable sur les délibérations soutenant les illuminations des commerçants de la rue Marboeuf, de la rue Vignon, du secteur de l'Europe et du secteur de la Madeleine, des commerçants dont les associations ont besoin d'être aidées. Compte tenu de la faiblesse des montants, j'ai également voté pour les délibérations concernant les Comités de l'avenue Montaigne et de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. En revanche, puisque la Maire de Paris continue d'agir en contradiction avec ses paroles dans les domaines financier et environnemental, ainsi que par souci du principe et du symbole, je me suis abstenue sur la délibération concernant le Comité de l'avenue des Champs-Elysées.
Restrictions aux déplacements pendant les Jeux : quand serons-nous enfin informés ?
La délibération 2023 SG 104 concernait l'actualisation de la maquette financière des JOP 2024, avec des avenants à la convention de financement et aux conventions d’objectifs, ainsi que de nouvelles conventions d’objectifs, avec la SOLIDEO.
J'avais prévu de profiter de son examen pour évoquer une nouvelle fois le souhait des habitants d'avoir rapidement des informations sur les restrictions aux déplacements pendant les Jeux. J'avais déjà défendu le 19 septembre un vœu dédié concernant l'information des habitants et des acteurs économiques du 8e arrondissement sur les restrictions à la circulation et aux déplacements pendant les JO. Le 8e arrondissement de Paris accueillera en effet plusieurs épreuves des Jeux du 26 juillet au 8 septembre sur les sites et les abords de la place de la Concorde, du Grand Palais et du pont Alexandre III, soit l'essentiel du quartier des Champs-Elysées.
Certains habitants et acteurs économiques de l'arrondissement sont déjà légitimement inquiets du fait des lourdes perturbations, voire des entraves, à leur circulation et à leurs déplacements qui pourraient impacter leur vie quotidienne en raison des besoins de déplacement des athlètes, des délégations étrangères et des visiteurs. Ils redoutent que la privatisation de l'espace public puisse aboutir à les priver de leur liberté d'aller et venir, à leur rue et à leur domicile, de leur liberté de travailler ou encore de leur droit de mener une vie familiale normale. D'autant que, avant et après les épreuves, ils subiront déjà l'installation et la désinstallation sur l'espace public des sites et des aménagements sportifs.
Or, certaines prises de parole publiques récentes ne les ont guère rassurés. Le ministre des Transports Clément BEAUNE a ainsi indiqué que la situation des transports serait - je le cite - "hardcore" pendant les JO, tandis que la Maire de Paris Anne HIDALGO a déclaré que la capitale ne serait pas prête dans le domaine des transports pour les JO…
Afin qu'ils puissent prendre en temps voulu leurs dispositions personnelles et professionnelles, je demande donc régulièrement à la Maire du 8e si elle peut faire le nécessaire pour que les habitants et les acteurs économiques de l'arrondissement soient informés dans les meilleurs délais des restrictions à la circulation et aux déplacements qui les concerneront à l'été 2024. Au cours du Conseil d'arrondissement, je l'ai également interrogée sur les contraintes sécuritaires qui pourraient être imposées aux habitants.
Lancer de telles "alertes" est légitime pour éviter certains écueils des JO, de sorte qu'ils se déroulent le mieux possible pour tous, y compris les Parisiens. Ces réserves étant faites, j'ai d'ailleurs voté pour cette délibération.
Au moment même de la rédaction de ces lignes, le Préfet de police de Paris présente pour la première fois au journal Le Parisien des éléments d'information sur le plan de circulation pendant les JO.
Nous attendons maintenant de Laurent NUNEZ que ses services précisent localement le détail des restrictions, public par public et rue par rue, et se montrent à l'écoute de l'expression des besoins des habitants et des acteurs économiques dans le cadre de la phase de concertation qui s'ouvre et devrait s'achever mi-janvier.
Projet de nouveau "Plan Climat" : une abstention dans l'attente de la version consolidée
La délibération 2023 DTEC 23 concernait le projet de Plan Climat de Paris 2024-2030. Avec son nouveau Plan, le quatrième, la Mairie de Paris veut amplifier la lutte contre le changement climatique et accélérer les transformations pour adapter la ville. Conformément au Code de l’environnement, ce projet de nouveau Plan Climat qui nous était présenté une première fois fera ensuite l’objet d’une consultation publique, permettant de recueillir une nouvelle fois les avis des citoyens, ainsi que ceux de la Métropole du Grand Paris, de la Région et de l’État. Une nouvelle version, intégrant ces avis de la consultation publique et des pouvoirs publics, nous sera présentée au printemps 2024 en vue de son adoption définitive.
Le Plan définit cinq grands axes, libellés ainsi : 1/ protéger la population face aux conséquences du changement climatique ; 2/ réduire la pollution liée à la circulation automobile ; 3/ massifier la transformation environnementale du bâti ; 4/ accélérer la sortie des énergies fossiles ; 5/ promouvoir et accompagner une économie locale, résiliente et bas carbone. D'ici à 2030, la Ville de Paris s'engage ainsi à atteindre 45% d'énergies renouvelables dans la consommation parisienne et à réduire de 50% ses émissions locales de gaz à effet de serre par rapport à 2004, de 40% l'empreinte carbone du territoire et de 35% les consommations énergétiques.
A ce stade du "projet", ma position provisoire sur le nouveau Plan Climat est très réservée mais elle n'est pas encore définitivement arrêtée. Le projet comporte des points positifs. Il est plutôt pragmatique et concret. Il reconnaît qu'il faut vivre avec la hausse des températures et donc prioritairement adapter la ville. Un consensus existe sur l'indispensable lutte contre les îlots de chaleur urbains. Le Plan prévoit notamment des accès à de l’eau et à des lieux rafraîchis, 40 000 mètres carrés de toits peints en blanc sur - entre autres - les écoles et les crèches, un programme de 1 000 toits "anti-surchauffe" pour les derniers étages, la sortie du chauffage au fioul, etc.
Mais ce projet de nouveau Plan Climat a des antécédents, dont l'actuel Plan Climat adopté en 2018 à l'unanimité du Conseil de Paris. Or, sa mise en œuvre laborieuse doit nous inviter à la plus grande prudence. De nombreuses mesures irréalistes n'ont pas été tenues. Dans le projet de nouveau Plan Climat, le réalisme de certaines mesures interroge à nouveau : je pense à la création de 300 hectares d'espaces verts dont 30 d'ici à 2026, à la rénovation de 100% des écoles et des crèches d'ici à 2050 ou encore à la mise en place d'un "zéro reste à charge" pour la rénovation des logements des ménages les plus modestes.
Le projet de nouveau Plan Climat continue aussi de prévoir des mesures "écologiques" qui ne sont pas strictement nécessaires, adaptées et proportionnées aux souhaits et aux possibilités des Parisiens car elles répondent principalement à des considérations idéologiques. Deux exemples avec les politiques de la rénovation énergétique et de la mobilité.
Première politique qui devrait être révisée, la rénovation énergétique. J'alerte à nouveau ici sur certains effets pervers à Paris de la rénovation énergétique à marche forcée des copropriétés et l'interdiction progressive de la location de logement en fonction du diagnostic de performance énergétique (DPE). Le durcissement de la réglementation sur la location de logement en fonction du DPE génère déjà des effets pervers du fait des incertitudes et des anticipations des propriétaires bailleurs. L'interdiction progressive à la location des logements les plus "énergivores" tend à assécher un peu plus un marché locatif déjà très tendu, alors que la construction de logements neufs est au point mort. Certains propriétaires préfèrent vendre leur logement, parce qu'il est déjà une passoire thermique ou parce qu'il va rapidement le devenir. D'autres se replient vers la location meublée touristique saisonnière de type Airbnb, laquelle n'entre toujours pas dans le champ d'application de la réglementation et de son durcissement. Tous se heurtent à l'hyper-complexité du parcours administratif que doivent laborieusement suivre les copropriétés parisiennes désireuses d'intégrer le dispositif "Éco-rénovons Paris+".
La rénovation environnementale du parc parisien de logements sociaux n'est pas davantage satisfaisante. La Ville de Paris compte 260 000 logements dans son parc social. A la date d'aujourd'hui, 32 000 de ces logements sociaux ont été rénovés, soit 13% du parc social parisien. Chaque année, les bailleurs sociaux rénovent 3 000 à 4 000 logements pour un coût d'environ 350 000 millions d'euros. A ce rythme, sans accélération des opérations, il faudra donc attendre 2060 pour que soient rénovés la totalité des logements sociaux du parc social parisien. Un tel délai n'est bien sûr pas acceptable. Aujourd'hui, de trop nombreux locataires Parisiens vivent dans des logements sociaux non-rénovés voire délabrés, une situation qui dégrade leur qualité de vie, parfois leur santé, et qui entrave la lutte contre le réchauffement climatique. Dans le 8e arrondissement, qui compte 894 logements sociaux, c'est par exemple le cas des logements de la rue Laure Diebold. C'est aussi le cas, soit dit en passant, de l'école Louis de Funès.
Je déplore d'autant plus cette situation du logement social à Paris qu'elle était prévisible à cause de la pratique municipale des loyers capitalisés reçus des offices HLM, laquelle les a privés d'une partie de la capacité d'autofinancement de la rénovation environnementale de leur parc. Pour accélérer - à budget municipal constant - l'indispensable rénovation énergétique des logements privés et publics, je recommande la réorientation vers cette politique des crédits budgétaires largement gaspillés pour la préemption.
Seconde politique à réviser, la mobilité. A Paris, nous voulons tous que les politiques de la mobilité soient "durables" en poursuivant des objectifs de qualité de l'air et de santé publique, tant le trafic routier est responsable de nombreux problèmes de santé, chez les adultes et chez les enfants. Toutefois, j'ai déjà eu l'occasion d'alerter ici sur le caractère disproportionné des externalités négatives de certaines mesures présentées comme "écologiques", à commencer par la "zone à trafic limité" (ZTL) de Paris Centre qui pourrait causer des "effets de bord" dommageables pour notre arrondissement, la voie du boulevard périphérique dédiée au covoiturage, aux transports collectifs et aux taxis, ainsi que la réduction de la vitesse sur le "périph" de 70 à 50 km/h, ou encore la "zone à faibles émissions" du Grand Paris dont l'acronyme ZFE pourrait être synonyme de "zone à "forte exclusion" et "à forts emmerdements".
Ces mesures peuvent être dangereuses pour la mobilité des Parisiens. Or, la mobilité est au fondement de la vie urbaine. La corseter avec des mesures qui ne sont pas strictement nécessaires, adaptées et proportionnées aux besoins des Parisiens, mais qui répondent plutôt à des considérations "idéologiques", c'est prendre le risque d'un rejet de mesures perçues par les particuliers et les professionnels comme inutilement "punitives" et "discriminatoires". A fortiori lorsque s'y ajoutent diverses autres restrictions de circulation, le renchérissement du stationnement payant des automobiles comme des deux-roues, voire sa suppression pure et simple, à l'instar du boulevard Malesherbes. Le jusqu'au-boutisme anti-voiture de la Maire de Paris concerne d'ailleurs aussi les voitures… électriques et à hydrogène ! Ces mesures ne sont donc pas réalistes et elles sont même nocives, à terme, puisqu'elles tendent à opposer la transition écologique et la justice sociale, l'une et l'autre étant consubstantielles.
J'espère en conséquence que les avis de la consultation publique et des pouvoirs publics contribueront à recalibrer les restrictions à la mobilité aux seules mesures strictement proportionnées aux besoins environnementaux. J'espère aussi que les dispositifs d’accompagnement social de la nécessaire transition écologique seront renforcés, de sorte que la greffe de cette dernière ne fasse pas in fine l’objet d’un rejet par nos concitoyens.
Compte tenu de ce qui précède, et dans l'attente de la nouvelle version qui nous sera présentée au printemps, je me suis provisoirement abstenue sur ce projet de nouveau Plan Climat.
"Plan Piéton" 2023-2030 : une première étape imparfaite mais qui va dans le bon sens
La délibération 2023 DVD 120 concernait l'approbation du plan d'action 2023-2030 "Paris : priorité Piéton !". La sécurité piétonne est devenue l'une des premières préoccupations des Parisiens ces dernières années, alors que se sont multipliés les conflits entre usagers d'un espace public de plus en plus anarchique.
Entre 2019 et 2021, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 3 642 piétons ont été accidentés sur la chaussée à Paris (parmi lesquels 52 décès et 273 blessés graves), les accidents sur les trottoirs ont doublé et ceux sur les pistes cyclables ont presque triplé (+ 165%). Usagers majoritaires de l'espace public avec 66% des déplacements à Paris, mais aussi les plus vulnérables, les piétons ont le sentiment de subir la "tyrannie" des autres usagers : pour eux, les mobilités dites "douces" portent bien mal leur adjectif qualificatif, à commencer par le vélo - désormais en première ligne des conflits depuis le retrait des trottinettes. La Maire de Paris a d'ailleurs sa part de responsabilité dans cette situation, tant elle a fait pendant des années du cycliste "l'usager-roi" de l'espace public parisien, un usager avec beaucoup de droits et trop peu de devoirs…
Doté de 300 millions d'euros d'investissements, le Plan Piéton 2023-2030 vise principalement à faciliter et sécuriser la marche à Paris. Il est aussi présenté comme un outil de la transformation et de l'adaptation de la ville aux dérèglements climatiques. Ses quatre principaux objectifs affichés sont - tels quels - 1/ l'affirmation de la place et de la priorité du piéton, 2/ l'amélioration des déplacements en créant un réseau piéton plus lisible, 3/ l'élévation des standards de qualité, de sécurité et de confort des espaces piétons, et 4/ l'adaptation de la marche aux enjeux climatiques.
Concrètement, le Plan prévoit notamment la création de 100 nouveaux hectares d’espaces piétons d’ici 2030, la poursuite du rééquilibrage de l’espace public en faveur de la marche, l'extension du dispositif "Paris Respire", la facilitation des piétonisations dites "événementielles", l'amélioration de la signalétique des rues parisiennes, la reprise du confort aux arrêts de bus, l'apaisement de la circulation motorisée, le développement des "zones de rencontre", l'élargissement des horaires d'ouverture des parcs et jardins en cas de canicule et en été, la végétalisation des trottoirs, la réduction du bruit à Paris ou encore la multiplication des fontaines à eau.
Beaucoup de ces mesures du Plan Piéton sont les bienvenues, sous réserve bien sûr des modalités pratiques de leur mise en œuvre. Toutefois, sa base juridique, le Code de la rue adopté par le Conseil de Paris le 6 juillet dernier, reste très largement au milieu du gué. Pourquoi ? Parce qu'il manque toujours une volonté politique pour renforcer la police municipale et donner la priorité aux sanctions afin de faire respecter le Code de la route.
Le Code de la rue est en effet une simple "charte de bonne conduite" recyclant - en les adoucissant - les règles de base du Code de la route pour l'utilisation des voies publiques par les piétons, les cyclistes, les deux-roues, les automobilistes, etc. Certes, j'appelle moi aussi de longue date des campagnes de responsabilisation des cyclistes vis-à-vis des piétons... Mais pas seulement !
Ma conviction est qu'il n'y aura pas de pacification durable du chaos dans l'espace public parisien tant que n'existera pas la volonté politique de renforcer rapidement la police municipale pour donner enfin la priorité aux sanctions du non-respect des dispositions du Code de la route. Mais deux ans après sa mise en place, la Ville de Paris peine à recruter et fidéliser pour sa police municipale, laquelle compte à peine 1 100 agents assermentés (dont 60 seulement dans le 8e arrondissement) sur l'objectif à atteindre de 3 400.
Là comme ailleurs, c'est un sursaut d'autorité qu'il nous faut ! N'oublions pas les vertus préventives de la répression afin de prévenir certains usages inacceptables trop souvent faits des mobilités dites "douces".
L'adoption du Code de la rue a cependant marqué un bon point important : l'engagement pris de supprimer les pistes cyclables sur les trottoirs d'ici 2030. C'est d'ailleurs sur ce fondement que je suis déjà remontée au créneau pour faire améliorer d'urgence la sécurité des pistes cyclables accidentogènes du boulevard des Batignolles et de la rue de la Pépinière.
Compte tenu de ce qui précède et en dépit de ces réserves, j'ai voté pour le Plan Piéton, que je considère comme une toute première étape, certes imparfaite mais qui va dans le bon sens. Il faut maintenant aller beaucoup plus loin !
J'ai ensuite défendu deux vœux et posé une question.
Renforcer d'urgence la lutte contre les salons de massage dissimulant des activités de prostitution
Mon premier vœu V08 2023 20 avait pour objet que la Mairie de Paris et la Préfecture de police de Paris renforcent d'urgence la lutte contre les salons de massage dissimulant des activités de prostitution.
Les salons de massage dissimulant des activités de prostitution se multiplient à Paris depuis plusieurs années, y compris dans le 8e arrondissement. La capitale comptait 371 "salons" de ce type en septembre 2023 selon l'association Zéromacho.
Le 8e arrondissement est concerné avec 13 établissements sous surveillance et parfois même des distributions de flyers. Cette situation pose des problèmes locaux, au-delà de l'aspect humanitaire et d'illégalité : un problème de nuisances pour les riverains avec des troubles divers, à la fois de voisinage et à l'ordre public. J'avais déjà interpellé le Préfet de police de Paris, M. Laurent NUNEZ, dans des courriers ici et ici, lequel m'avait répondu par des courriers ici et ici.
Depuis 10 ans, en dépit de l'intensification de la lutte, environ la moitié des salons de massage ayant pignon sur rue à Paris dissimule toujours de la prostitution. L'une des difficultés de cette lutte est de nature juridique, les pouvoirs publics devant souvent employer des subterfuges juridiques, tels que l'infraction de "travail dissimulé".
Ce statu quo n'est pas satisfaisant. C'est pourquoi j'ai proposé que la Mairie de Paris et la Préfecture de police de Paris renforcent d'urgence et conjointement la lutte contre les salons de massage dissimulant des activités de prostitution, 1/ en faisant agréer les salons de massage de la capitale par la Fédération française de massages bien-être (FFMBE), avec un cadre déontologique excluant notamment toute pratique sexuelle ; 2/ en durcissant les règles d'instruction de la demande d'ouverture d'un établissement recevant du public (ERP) et en la rejetant dès qu'un doute raisonnable subsiste sur l'activité qui y sera réellement pratiquée ; 3/ en multipliant les visites de contrôle pour vérifier si les règles sont respectées, avec l'ambition de visiter chaque salon au moins une fois par an.
Rue de Liège : corrigeons les défauts du nouveau plan de circulation du quartier Europe
Mon second vœu V08 2023 21 visait à ce que la Mairie de Paris corrige les externalités négatives, pour la rue de Liège et son carrefour, du nouveau plan de circulation du quartier Europe.
Le plan de circulation du quartier Europe a fait l'objet de nombreuses modifications ces trois dernières années dans le cadre de la démarche municipale "Embellir votre quartier" lancée en 2021, avec une "vélorue" rue d'Amsterdam, une piste cyclable rue de Londres, deux "rues aux écoles" rue de Florence et rue de Moscou, une mise en voie unique rue de Saint-Pétersbourg, la végétalisation des rues de Clapeyron et de Turin, divers aménagements sur la place de Dublin et à la sortie du métro Liège, ainsi que les déviations de plusieurs lignes de bus.
La réalisation de ces aménagements se traduit désormais par un véritable "gymkhana" et de nombreux embouteillages, tout particulièrement au niveau de la rue de Liège, depuis la place de l'Europe et jusqu'à son carrefour avec les rues d'Amsterdam et de Moscou. Ces embouteillages vont jusqu'à figer la circulation au point d'immobiliser les véhicules des services de secours et de sécurité, alors même qu'une clinique privée est établie au n°5 rue de Turin.
J'avais déjà écrit à la Mairie de Paris à ce sujet dès 2022 le 29 juin 2022 et je l'avais relancée en début d'année le 22 février 2023. C'est pourquoi j'ai proposé que nous demandions tous ensemble à la Maire de Paris de corriger ces externalités négatives, pour la rue de Liège et son carrefour, du nouveau plan de circulation du quartier Europe.
Dans sa réponse, le Conseiller d'arrondissement en charge de la mobilité et des transports a indiqué que la prochaine fermeture du "barreau" de la rue de Madrid où se trouve l'accès au métro devrait contribuer à tarir la circulation sur la place de l'Europe puis dans la rue de Liège. Il a ajouté que le responsable local de la voirie allait bientôt faire des propositions en concertation avec le 9e arrondissement voisin... Il était temps de concerter ! Je continuerai de suivre très attentivement ce dossier.
Inversion de la circulation rue de Monceau : des questions en suspens
Ma question orale Q08 2023 08 à la Maire du 8ème arrondissement concernait l'inversion du sens de la circulation sur le tronçon de la rue de Monceau entre les rues de Téhéran et de Vézelay.
J'avais été interpellée par de très nombreux habitants et usagers - certains favorables, d'autres défavorables - qui s'interrogeaient sur l'inversion du sens de la circulation sur le tronçon de la rue de Monceau entre les rues de Téhéran et de Vézelay. Ces riverains et usagers s'interrogeaient, notamment :
d'abord, sur le caractère définitif ou provisoire de cet aménagement, ainsi que son calendrier précis, le flyer d'information disponible sur le site web de la Mairie du 8e arrondissement mentionnant des dates "à partir du 23 octobre 2023" et "pour une durée d'un an" ;
ensuite, sur les motifs réels de cet aménagement, au-delà de l'invocation d'un souhait qui aurait été exprimé par les riverains dans le cadre de la démarche municipale "Embellir votre quartier", sachant que, si nous souhaitons tous "apaiser" la circulation, nous pouvons avoir des divergences sur les voies et les moyens de parvenir à cet "apaisement" ;
enfin, sur l'existence d'une étude d'impact anticipant les diverses conséquences de cet aménagement en termes de reports de circulation et de rallongement des temps de parcours.
J'ai donc demandé à la Maire du 8e arrondissement d'apporter des éléments de réponse à leurs trois questions. Dans sa réponse, l'Adjoint au Maire chargé des questions relatives à la démocratie participative et à la vie associative m'a répondu que l'aménagement était bel et bien définitif et que, rétrospectivement, il y avait donc eu une erreur de communication dans le flyer d'information diffusé par la Ville de Paris... Autrement dit, la Mairie de Paris a décidé, circulez, il n'y a plus rien à voir !
Adoption du budget primitif du 8e arrondissement pour l'année 2024
Enfin, nous avions introduit la séance en adoptant à l'unanimité le budget primitif de l'arrondissement pour l'année 2024.
Merci pour ce rapport très instructif et complet. A regretter que les habitants du 9 ème ne bénéficient pas d'une telle communication régulière. Car nous souffrons de l'enclavement d'une partie de l'arrondissement. Qui s'en émeut?