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Résultats de la votation du 4 février : Paris inaccessible, Paris divisé, Paris figé, mais HIDALGO désavouée !


Résultats de la votation du 4 février : Paris inaccessible, Paris divisé, Paris figé... mais Hidalgo comblée !

La Maire de Paris a organisé dimanche 4 février une votation prétendument "citoyenne" par laquelle elle demandait aux 1,3 million d'électeurs parisiens de se prononcer sur une question dite "d'intérêt parisien" : "Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ?". Certains arrondissements avaient ajouté à cette question d'intérêt parisien une question dite "d'intérêt local". Dans le 8e arrondissement, la question posée était la suivante : "Pour ou contre accélérer la piétonnisation et la végétalisation des voies du 8e arrondissement et plus particulièrement certaines portions de la rue de Monceau et de la rue de Liège ?".


Oui, il faut lutter contre le dérèglement climatique, la pollution, les embouteillages, les nuisances sonores, l'insécurité routière. Oui, aussi, la mise au vote de questions d'intérêt local dans le cadre des votations est une nouveauté potentiellement intéressante. Mais je crois qu'il est souhaitable et possible d'atteindre ces objectifs environnementaux et démocratiques autrement. Avec une écologie positive qui incite et qui accompagne, plutôt qu'une écologie punitive qui entrave, qui divise et qui immobilise. Avec une démocratie locale participative ouverte et sincère, plutôt qu'un simulacre de démocratie participative fermée et bâillonnée, qui limite le choix à plus ou moins de la même politique municipale, sans offrir la possibilité d'une alternative.

Avec une abstention massive, des résultats serrés à Paris et un désaveu dans le 8e, la votation du 4 février confirme que la politique et la méthode de Mme HIDALGO et de ses complices ne font guère l'unanimité dans la capitale et dans l'arrondissement.


Le bureau de vote installé pour la votation dans la Mairie du 8e arrondissement (crédit photo : Ronan GUÉVEL).


Abstention massive, résultats serrés à Paris, désaveu dans le 8e arrondissement

A la question "Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ?", 78 121 électeurs parisiens ont répondu, soit à peine un peu plus de 5% des inscrits, parmi lesquels 42 215 ont voté pour la création d'un tarif spécifique, soit 54,55% seulement des suffrages exprimés.

Dans le 8e arrondissement, les résultats sont très différents puisque 73,05% des suffrages ont été exprimés contre la création d'un tarif spécifique, soit près des trois quarts, et 26,95% seulement pour.


Des habitants du 8e arrondissement réagissent à la votation du 4 février 2024.


La création d'un tarif spécifique pour le stationnement des SUV devrait maintenant faire l'objet d'une délibération adoptée au cours du Conseil de Paris du mois de mai. Mme HIDALGO a annoncé que la mesure entrerait en vigueur le 1er septembre 2024. Les nouveaux tarifs s’appliqueront pour les véhicules de plus de 1,6 tonne pour les véhicules thermique et hybride et plus de 2 tonnes pour ceux fonctionnant à l’électrique.

La tarification "SUV" va tripler la tarification "normale" à Paris.
La tarification "SUV" va tripler la tarification "normale" à Paris.

A la question "Pour ou contre accélérer la piétonnisation et la végétalisation des voies du 8e arrondissement et plus particulièrement certaines portions de la rue de Monceau et de la rue de Liège ?", les électeurs du 8e arrondissement ont répondu non. Plus précisément, 1 301 votants ont pris position contre, soit 58,92% des suffrages exprimés, et 907 ont voté pour, soit 41,08%.

Dans le 8e arrondissement, les résultats sont ainsi clairs et nets : en s'abstenant ou en votant contre, les habitants de l'arrondissement ont dit NON aux mesures anti-familles et aux méthodes clivantes de Mme HIDALGO et de ses complices locaux qui trahissent, là comme ailleurs, le mandat reçu des électeurs.

Une solution doit être trouvée de toute urgence pour la rue de Liège. Il n'est pas nécessaire de passer par une votation pour cela ! Cela fait bientôt deux ans que j'alerte sur ces problèmes et je l'ai encore fait récemment en défendant un vœu dédié lors de notre Conseil d'arrondissement du 28 novembre 2023.


La mobilité des familles en danger

Le triplement des tarifs de stationnement des SUV, comme l'accélération de la piétonnisation, mettent en effet particulièrement en jeu la mobilité de tous les Parisiens dont la mobilité est contrainte par divers facteurs, logistiques ou physiques, à commencer par les familles. A Paris, les familles nombreuses - de 3 enfants et plus - ne bénéficient déjà d'aucun tarif réduit pour le stationnement de leur véhicule, à la différence d'autres grandes villes françaises. Or l'exonération des résidents parisiens prévue dans le cadre du triplement des tarifs du stationnement des SUV est restreinte aux seuls résidents stationnés dans leur zone de stationnement. Autrement dit, les habitants et les familles du 8e verront les tarifs du stationnement de leur SUV tripler dès lors qu'ils circuleront dans la capitale et stationneront hors de leur zone de résidence. C'est d'autant plus inacceptable qu'aucune mesure d'accompagnement et de compensation n'est prévue pour le pouvoir d'achat des propriétaires de SUV.


La "chasse aux SUV" de la Maire de Paris est aussi incohérente. Mme HIDALGO prétend lutter contre l'usage de la voiture individuelle. Mais, en pénalisant les voitures familiales, elle encourage le repli vers de plus petits modèles de voitures, plus "individuels" et moins "collectifs"... En revanche, selon les propres estimations de la Ville de Paris, cette hausse tarifaire pourrait générer des recettes d’environ 35 millions d’euros, un surcroît de recettes bienvenu pour les finances municipales... CQFD ?

Attention ! La mobilité est au fondement même de notre vie urbaine. Or, certaines de ces mesures présentées comme "écologiques" ont des impacts très négatifs sur la mobilité. C'est la définition même de l'écologie dite "punitive", une pseudo-écologie qui crée des contraintes sans la moindre solution, qui entrave, qui divise, qui immobilise, avec des mesures discriminatoires et culpabilisantes répondant principalement à des considérations idéologiques. Au contraire, une écologie incitative et positive s'efforcerait d'accompagner et de compenser pour (ré)concilier mobilité et environnement. Mais la Maire de Paris veut manifestement réduire à néant la place de la voiture dans la capitale. Si sa motivation était sincèrement écologique, elle aurait d'ailleurs opéré un distinguo entre les SUV thermiques et les SUV hybrides ou électriques. Ainsi cette mesure empreinte d'idéologie n'est-elle pas strictement nécessaire, adaptée et proportionnée aux besoins des Parisiens. Elle va au-delà. Elle va donc inutilement trop loin !

Les Parisiens sont d'ailleurs attachés à la mobilité, y compris automobile. A la question de l'étude "Les Parisiens et les SUV. Etude en amont de la votation citoyenne", réalisée par l'institut OpinionWay en janvier 2024, au sujet de ce qu'il faudrait faire concernant la place des voitures à Paris, si 32% des sondés répondent "restreindre la circulation des véhicules dans Paris quel que soit le modèle", ils sont aussi 32% à répondre "faciliter la circulation en voiture dans Paris".


32% des sondés répondent aussi qu'il faudrait "faciliter la circulation en voiture dans Paris" (source : OpinionWay).
32% des sondés répondent aussi qu'il faudrait "faciliter la circulation en voiture dans Paris" (source : OpinionWay).

Un Maire ne devrait pas diviser

Quel est l'objectif politique poursuivi par la Maire de Paris avec de telles mesures et de telles méthodes ? Cherche-t-elle à relégitimer ses décisions ? Prétend-elle incarner un modèle de démocratie participative locale ? Veut-elle livrer en pâture un nouveau bouc émissaire - le conducteur de SUV - choisi pour détourner l'attention des Parisiens de sa propre incompétence, à commencer par sa mauvaise gestion budgétaire et ses lourdes responsabilités dans la dégradation du cadre et de la qualité de vie à Paris ? Envisage-t-elle de renflouer un peu les caisses de l'Hôtel de Ville vidées par ses gabegies ? Et l'organisation d'une votation préalable à la décision - alors que d'autres grandes villes, à l'instar de Lyon, décident directement en Conseil municipal la mise en place d'une tarification progressive du stationnement - lui permet-elle d'étirer le temps de sa communication très en amont de la décision ?

Depuis plusieurs années, Mme HIDALGO semble en effet tout faire pour dresser les usagers de l'espace public parisien les uns contre les autres. Faute d'une volonté municipale de réguler les usages, l'anarchie prévalant dans l'espace public nourrit depuis longtemps une guerre de tous contre tous et partout, sur les chaussées comme sur les trottoirs de la capitale. L'étude réalisée par l'institut OpinionWay en janvier 2024 confirme que près des deux-tiers des sondés parisiens ne sont pas satisfaits vis-à-vis du partage de l'espace public à Paris.


65% des sondés parisiens ne sont pas satisfaits vis-à-vis du partage de la chaussée à Paris (source : OpinionWay).
65% des sondés parisiens ne sont pas satisfaits vis-à-vis du partage de la chaussée à Paris (source : OpinionWay).

La Maire de Paris a renoncé à véritablement renforcer la lutte contre les actes ou comportements interdits par la loi - les plus graves comme les moins graves. Le civisme est pourtant une valeur fondamentale. Toute vie en société est impossible sans le respect des règles élémentaires de la vie en commun. Nous avons plus que jamais besoin d'un véritable sursaut civique...

En sollicitant le triplement des tarifs du stationnement des SUV à Paris, Mme HIDALGO dresse ainsi une (petite) majorité des Parisiens contre les familles parisiennes et contre les banlieusards. Ni les uns ni les autres n'ont pas nécessairement eu l'embarras du choix dans l'achat de leur véhicule, alors que les SUV représentent désormais près de 50% du marché français des voitures neuves.


La société spécialisée AAA Data chiffre à 129 277 le nombre des véhicules "SUV" à Paris qui peuvent être concernés par le triplement de la tarification, dont 4 288 véhicules électriques. En Île-de-France, 892 336 véhicules seraient concernés, dont 18 982 véhicules électriques.

Il existe pourtant bien d'autres sujets de votation davantage prioritaires et moins clivants. Je pense à la limitation de la vitesse à 50 km/h sur le périphérique, à l'effort budgétaire consacré à la propreté de la capitale, à l'armement de la police municipale ou encore à la cohérence d'ensemble de la politique de la mobilité et du plan de circulation générale. Mais tout se passe comme si Mme HIDALGO voulait diviser pour mieux régner...


Autres limites de la votation

Cette "votation" n'avait que la portée d'un simple avis consultatif. La Ville de Paris, collectivité locale organisatrice, n'était pas liée - ni juridiquement, ni politiquement - par le résultat de la votation. Ainsi Mme HIDALGO aurait-elle très bien pu ne pas tenir compte d'un vote "négatif", c'est-à-dire un résultat qui n'aurait pas été dans le sens souhaité par elle.

Cette limite était encore accentuée pour la question dite "d'intérêt local", puisque celle-ci devait nécessairement s'inscrire dans le cadre de la lettre et de l'esprit des politiques municipales menées par l'Hôtel de Ville. D'où la formulation de la question dans le 8e arrondissement : non pas "pour ou contre la piétonnisation" mais "pour ou contre l'accélération de la piétonnisation" ; en d'autres termes, les électeurs pouvaient indiquer s'ils souhaitaient poursuivre la politique de la Maire de Paris au même rythme ou à un rythme accéléré, mais ils ne pouvaient pas s'y opposer expressément. Sauf à considérer que simplement poursuivre au même rythme soit déjà l'expression d'une certaine réserve, voire opposition... Dans le cas d'espèce, c'est ce dont j'ai l'intime conviction.


Seule l'option du "référendum local décisionnel" prévu par le Code général des collectivités territoriales (CGCT) permet aux électeurs de décider par leur vote de la mise en oeuvre ou non d'un projet concernant une affaire locale. Si la moitié des électeurs inscrits a pris part au scrutin, ce référendum vaut décision que la collectivité locale organisatrice est juridiquement tenue d'appliquer. Dans le cas contraire, le "référendum local décisionnel" n’a, lui aussi, que la portée d’un avis consultatif.

J'avais déjà regretté plusieurs circonstances tendant à altérer l'utilité et la sincérité du "référendum anti-SUV". L'affiche faisant sa publicité était "racoleuse", voire trompeuse. Elle laissait en effet penser que le nombre de SUV aurait pu être réduit à la suite de la votation. Or, le libellé exact de la question posée le 4 février était différent : il concernait "les voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes", non les SUV ; et la création "d'un tarif spécifique", non la réduction de leur nombre. L'annonce de la votation avait de plus été faite à l'automne 2023, à l'occasion d'une "communication de crise" de la Maire de Paris pour "détourner" l'attention publique de son "affaire Tahiti".


Une affiche "racoleuse", voire trompeuse...
Une affiche "racoleuse", voire trompeuse...

... qui ne correspondait pas à la question posée !
... qui ne correspondait pas à la question posée !

De même, j'avais interrogé la Maire du 8e arrondissement, par un courrier dès le 8 janvier puis lors de notre Conseil d'arrondissement du 22 janvier, sur les précisions qu'appelait la question d'intérêt local posée le 4 février. Quels tronçons de la rue de Monceau et de la rue Liège seraient concernés par une accélération de la piétonnisation et de la végétalisation ? Quelles autres voies seraient concernées ? Des réunions publiques de concertation avec les riverains seraient-elles organisées en amont des différents projets ? Quel était l'état final recherché par la Mairie de Paris et la Mairie du 8e arrondissement, en termes de plan de circulation, pour le quartier Europe ? Des études d'impact avaient-elles été réalisées pour en assurer la cohérence d'ensemble, y compris avec l'arrondissement voisin du 9e arrondissement ?

La Mairie du 8e arrondissement avait finalement répondu à une partie de mes questions sur son site web le 26 janvier. Dans la perspective d'une "accélération globale des projets de transformation de nos rues", elle indiquait qu'elle souhaitait "[s']appuyer sur les résultats de cette consultation afin d'obtenir des crédits supplémentaires" pour réaliser, "malgré les contraintes budgétaires", plusieurs projets en cours dans chaque quartier. Concernant la rue de Liège, elle soulignait avoir "besoin de connaître le sentiment des habitants pour programmer les travaux" d'aménagement de la rue, après avoir été sollicitée par des habitants pour y mettre un terme au trafic de transit. Enfin, elle souhaitait "recueillir l'avis des habitants afin de mener à bien le projet" d'une rue aux écoles rue de Monceau pour "sécuriser la portion de la rue de Monceau comprise entre la rue de Courcelles et le boulevard Haussmann".


Je veillerai avec vigilance à ce que la Maire du 8e arrondissement tienne compte de l'expression des électeurs sur les projets de piétonnisation de voies dans l'arrondissement.



2 Kommentare


Richard Krieger
Richard Krieger
05. Feb.

Bravo pour ce compte rendu clair et très documenté !

Un travail comme on aimerait le voir chez l’actuel maire du 8eme qui nous informe a minima par le bulletin du 8eme !

Merci pour votre engagement

Richard Krieger

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Stephane Letessier
Stephane Letessier
05. Feb.

Etonnant qu'un vote n'ait finalement qu'une simple valeur consultative et qu'en tout état de cause, quorum atteint ou pas, la Mairie de Paris puisse prendre n'importe quelle décision sans garde fou. Cela revient à totalement dévaloriser toute démarche citoyenne. En attendant, les rues de Paris en général et celles du VIIIème arrondissement en particulier, n'ont jamais été aussi sales et si peu entretenues. Affligeant.

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