
La Mairie de Paris a décidé d'organiser le dimanche 23 mars 2025 une nouvelle "votation citoyenne" par laquelle elle prévoit de consulter les Parisiens sur l'accélération de la végétalisation dans la capitale, en développant ce qu'elle appelle les "rues-jardins", anciennement "rues végétales". Chaque Maire d'arrondissement pourra aussi soumettre une question propre à son arrondissement sur un sujet d'intérêt local. Le vote sera ouvert aux Parisiens inscrits sur les listes électorales (les procurations ne sont pas autorisées) et aux Parisiens de 16-18 ans de nationalité française (après avoir rempli un formulaire spécifique). Il se déroulera de 9 heures à 19 heures dans les 218 bureaux de vote répartis dans 34 lieux dans tous les arrondissements. Dans le 8e arrondissement, le vote se déroulera exclusivement en Mairie du 8e arrondissement (3 rue de Lisbonne).
C'est la troisième fois que Mme HIDALGO organise une votation sur un sujet d'intérêt parisien, après l'interdiction des trottinettes en libre-service le 2 avril 2023 et le triplement des tarifs de stationnement des SUV le 4 février 2024.
Ma position est la suivante. Oui, végétaliser Paris est l'une des mesures indispensables pour améliorer le cadre et la qualité de vie dans la capitale, d'autant que les canicules et les vagues de chaleur y sont la manifestation la plus perceptible du réchauffement climatique, comme l'a rappelé le rapport de la récente mission d'information et d'évaluation du Conseil de Paris "Paris à 50°C". Mais j'émets des réserves sur le fond et la forme de cette nouvelle votation. J'ai notamment la conviction que la végétalisation doit être découplée de la piétonnisation.
Sommaire
Des réserves sur le fond
J'exprime d'abord des réserves sur le fond et le sujet de la votation.
Premièrement, j'ai une conviction intime. Oui, la végétalisation des rues de Paris est indispensable, mais non la piétonnisation ne l'est pas. C'est pourquoi la végétalisation d'une "rue-jardin" ne doit pas systématiquement être couplée à la piétonnisation. Dans le cas contraire, cette démarche ne serait que le "faux-nez végétal" d'un projet d'interdiction accrue de la circulation dans la capitale, l'illustration d'une politique municipale plus "anti-voiture" que "pro-écologie".
Ma conviction s'est affermie lors de la votation du 4 février 2024. A la question d'intérêt local "pour ou contre accélérer la piétonnisation et la végétalisation des voies du 8e arrondissement et plus particulièrement certaines portions de la rue de Monceau et de la rue de Liège ?", les électeurs du 8e arrondissement répondirent alors largement "non" (1 301 votants prirent position contre, soit 58,92% des suffrages exprimés, et 907 votèrent pour, soit 41,08%). Ces résultats furent clairs et nets : les habitants de l'arrondissement dirent "non" aux mesures anti-familles et aux méthodes clivantes de Mme HIDALGO. Les nombreux échanges que j'ai eus avec les électeurs à cette occasion m'ont permis de comprendre plus finement le sens de leur vote. En votant majoritairement "non", les électeurs du 8e n'ont pas voulu s'opposer à la végétalisation de l'arrondissement mais à l'accélération de la piétonnisation des voies, dans les circonstances de surcroît aggravantes de nombreux chantiers de voirie pour le moins "cavaliers".
Deuxièmement, je m'interroge sur la priorité de l'enjeu soumis au vote des Parisiens. Pourquoi consulter les Parisiens sur la végétalisation alors que ce projet est relativement consensuel ? Pourquoi les consulter sur les "rues-jardins", certes moins consensuelles, alors que la mesure a déjà été actée par un vœu de l'Assemblée citoyenne adopté lors du Conseil de Paris de juillet 2024, "pour que la Ville de Paris poursuive et accélère sa politique de végétalisation en s’engageant à transformer 100 rues en rues-jardins d’ici la fin de la mandature", et alors que d'autres enjeux auraient pourtant mériter de faire l'objet d'une votation : l'armement de la police municipale, le développement de la vidéoprotection, le renforcement des moyens alloués à la propreté ou encore la mise en place de la zone à trafic limité (ZTL) Paris Centre.
Troisièmement, la végétalisation urbaine est un enjeu trop sérieux pour faire l'objet d'une initiative superféfatoire. De deux choses l'une. Soit la Maire de Paris organise un simulacre de "vote" sur le sujet consensuel de la végétalisation afin de pouvoir se prévaloir de résultats de nature plébiscitaire pour regagner dans une consultation un peu de la légitimité perdue dans les urnes et les sondages. Soit Mme HIDALGO instrumentalise la démocratie afin d'éco-blanchir in extremis son dernier mandat et de verdir le bilan global de ses deux mandatures. Une suggestion de ma part afin d'améliorer facilement et rapidement son bilan environnemental dans le 8e arrondissement : créer un espace vert sur la parcelle en friche des 25-27 rue de Constantinople.
Ce qu'est et ce que n'est pas une "rue-jardin". Jacques BAUDRIER, Adjoint à la maire de Paris, définissait ainsi (élégamment...) une "rue-jardin" le 2 octobre 2023 dans Le Parisien : "Vous virez toutes les bagnoles, vous piétonnisez et vous faites le maximum de verdure, en mettant des arbres et des bandes de végétation plantées en pleine terre." Pour autant, nulle trace d'une définition précise de la "rue-jardin" sur le site de la Ville de Paris. En revanche, une "rue-jardin" n'est pas une "rue aux écoles", ces plus de 200 voies desservant des établissements scolaires piétonnisées et végétalisées afin de sécuriser les cheminements piétons des élèves. Le 8e arrondissement compte 10 "rues aux écoles" achevées ou en cours de projet : rue Robert Estienne, rue de Florence, rue de la Bienfaisance, rue de Moscou, avenue Van Dyck, rue de Monceau, rue de Naples, rue Paul Baudry, rue du Rocher, rue de Bucarest.
Evidemment, les Parisiens veulent plus de nature en ville. Les "rues aux écoles" sont d'ailleurs un indéniable succès plébiscité par la plupart des familles, avec au fil des réalisations moins d'inconvénients pour les riverains à mesure que la Ville de Paris acquérait de l'expérience pour ce type d'aménagement. Développer la végétalisation est une politique indispensable afin de lutter contre les îlots de chaleur. En revanche, végétaliser ne doit pas nécessairement passer par le développement de "rues-jardins" piétonnisées. Ce dispositif ne doit pas être "industrialisé" mais envisagé au cas par cas, en tenant comptes des contraintes locales afin de préserver la mobilité dans les quartiers.
Quatrième et dernièrement, chaque rue-jardin coûtant environ 300 000 euros d'investissement (sans compter les coûts d'entretien), la végétalisation de Paris via la création de nouvelles rues piétonnes dites "jardins" est-elle la voie la plus efficiente pour développer la nature en ville ? Végétaliser sans piétonniser ne permettrait-il pas d'atteindre plus rapidement et sûrement l'objectif d'offrir 10 m² d'espaces verts par habitant dans la capitale ?
Depuis 2014, Mme HIDALGO pratique une écologie de façade. Elle s'est beaucoup contentée de déplacer le bruit et la pollution. Elle a hypothéqué le bon déploiement des véhicules propres et autonomes. Elle a négligé l'entretien et la sécurité des espaces verts. Elle a initié et soutenu de nombreux projets nuisibles pour la nature, en bétonnant la capitale (+ 3,8 millions de m² bâtis en 20 ans), en détruisant des espaces verts au profit d'aménagements minéraux, à l'instar de la place de la République, en abattant des arbres, par exemple au pied de la Tour Eiffel, ou encore en gérant mal les Bois de Boulogne et de Vincennes. Elle a multiplié les promesses irréalistes, voire mensongères, en s'engageant à créer 300 nouveaux hectares d'espaces, à planter 170 000 nouveaux arbres, à faire pousser des "forêts urbaines" qui n'en ont que le nom, etc. Entre autres résultats : la revue scientifique The Lancet a désigné Paris capitale la plus mortelle en cas de canicule.
Des réserves sur la forme
J'exprime ensuite des réserves sur la forme et les modalités de la votation. Juridiquement, une "votation" n'est ni un "vote" ni un "référendum local décisionnel". Le règlement de la votation rappellera probablement à nouveau dans son préambule qu'il s'agit d'une simple association et non d'une décision. C'est donc le plus grand flou juridique. Aucun minimum de participation n'est requis. Aucun contrôle de légalité du Préfet n'est prévu. Il n'est pas possible de saisir le tribunal administratif en cas de litige. Politiquement, la Mairie de Paris est finalement 100% libre de tenir compte, ou non, des résultats de la votation. Elle peut mettre en oeuvre un projet rejeté par les Parisiens ou, à l'inverse, ne pas appliquer une mesure validée par eux...
Les articles LO1112-1 à LO1112-14 du code général des collectivités territoriales (CGCT) encadrent le référendum local : l’exécutif local est seul compétent pour proposer à l’assemblée délibérante l’organisation d’un référendum portant sur un projet de texte relevant de sa compétence ; seuls les électeurs, et non l’ensemble des habitants, peuvent voter ; l’assemblée délibérante fixe le jour du scrutin qui ne peut avoir lieu moins de deux mois après la transmission au préfet du texte sur lequel portera le vote ; le préfet peut s’opposer à tout projet de référendum organisé sur un objet ne relevant pas de la compétence de la collectivité organisatrice ; le référendum ne peut pas être organisé dans les six mois précédant le renouvellement intégral ou partiel de l’assemblée délibérante. Il ne peut pas être organisé le même jour que d’autres élections locales, nationales ou européennes, ou des consultations statutaires ; la délibération organisatrice et l’objet du référendum ne peuvent compromettre l’exercice d’une liberté publique ou individuelle ; les dépenses liées à l’organisation du référendum sont à la charge de la collectivité organisatrice.
La Mairie de Paris se sent probablement d'autant moins tenue de respecter le résultat d'une votation que la participation est généralement très faible, au point d'interroger sa légitimité. Pour rappel, la participation à la votation sur l'interdiction des trottinettes en libre-service avait tout juste dépassé les 7% du corps électoral tandis que celle sur le triplement des tarifs de stationnement des SUV n'avait pas atteint les 5%. Cette année, l'issue de la votation étant cousue de fil blanc, les participants ne seront guère mobilisés par l'enjeu...
Enfin, moins d'un an avant les élections municipales de mars 2026, à défaut d'enfreindre la lettre du code électoral, la communication institutionnelle à laquelle donnera lieu la campagne de promotion de la votation est contraire à l'esprit de neutralité qui est supposé prévaloir dans une période préélectorale...
Comment se fait il que la place St Augustin a été bétonnée. Pour quoi n y a t on pas planté des arbres ? Cet endroit était une bonne opportunité pour y planter des arbres
La Maire de Paris n est pas logique dans son souhait de végétaliser Paris.
Végétaliser les rues au détriment des emplacements de parcmètre. Les parisiens en ont assez
Il a été oublié le maintien de la propreté des rues