Nous avons tenu mardi 11 juin 2024 notre 28e Conseil du 8e arrondissement de la mandature. J'ai concentré mes principales interventions sur les dossiers que je considère être prioritaires pour les habitants du 8e et pour l'arrondissement.
A l'occasion d'une délibération sur le versement de subventions à des associations culturelles, j'ai d'abord voulu dénoncer la tentation de la Mairie de Paris d'étendre son emprise sur le monde de la culture.
J'ai ensuite appelé à ce que le Plan Vélo 2021-2026 tienne toutes ses promesses. D'abord celle de l'insertion locale sécurisée des pistes cyclables. Ensuite celle de l'insertion locale équilibrée des pistes cyclables. C'est indispensable car certains aménagements rompent encore cet équilibre, à l'instar par exemple de la piste cyclable du boulevard Malesherbes.
Puis j'ai défendu deux vœux et posé une question orale.
Mon premier vœu concernait l'avenir du projet de groupe scolaire au 25-27 rue de Constantinople. J'ai demandé que la Maire de Paris informe les habitants et les élus sur l'avenir du projet de groupe scolaire de 8 classes. Et que, dans l'hypothèse où ce projet serait finalement abandonné, la Maire de Paris y crée alors un espace vert.
Mon second vœu portait sur le projet "Réenchanter les Champs-Élysées". Les pouvoirs publics vont maintenant devoir prendre une décision. Ce qui est en jeu, c'est le champ géographique du projet, la répartition de la charge de son financement, estimé à environ 250 millions d'euros, et la qualité patrimoniale du réaménagement.
Enfin, ma question orale concernait la sauvegarde et la redynamisation du commerce dans la rue du Rocher. De nombreux commerçants et habitants de la rue du Rocher et des rues adjacentes déplorent la perte d'attractivité et les fermetures de commerces dans le secteur. Or, l'activité économique et le commerce de proximité participent pleinement du cadre et de la qualité de vie et de travail dans un quartier. J'ai donc demandé à la Maire du 8e arrondissement les mesures qu'elle comptait prendre elle-même, et faire prendre par la Mairie de Paris, pour contribuer à sauvegarder et redynamiser le commerce dans la rue du Rocher et les rues adjacentes.
Vous trouverez ici l'ordre du jour de la séance , ici son compte rendu intégral et ci-dessous un compte rendu synthétique de mes principales interventions.
Sommaire
Non à un "art officiel" municipal !
L'examen de la délibération 2024 DAC 128 concernait le versement de subventions à deux associations, AWARE et le Comité professionnel des Galeries d'Art (8e). J'apprécie l'activité du Comité Professionnel des Galeries d'Art avec, notamment, son événement "Paris Gallery Weekend", lequel met en valeur une dizaine de galeries du 8e arrondissement, principalement dans le secteur de l'avenue Matignon, mais aussi dans celui de la place de Narvik.
Toutefois, j'ai vivement regretté la rédaction très militante de son exposé des motifs. Je cite : "parmi les thématiques abordées par les galeries, une attention particulière sera portée aux artistes femmes, aux questions d'identité, aux scènes de la diversité et à la question de l'éco-conception".
Si ces thématiques peuvent effectivement être des enjeux de société, je crois que l'art gagne toujours à échapper à la volonté d'emprise du monde politique sur le monde de la culture.
Cette réserve ayant été exprimée, j'ai toutefois voté pour cette subvention au Comité Professionnel des Galeries d'Art.
Le Plan Vélo doit tenir toutes ses promesses
J'ai profité de la délibération 2024 DVD 52 prévoyant de subventionner des associations dans le cadre du Plan Vélo pour revenir brièvement sur le développement du vélo à Paris. Je suis favorable au développement du vélo dans la capitale. C'est positif pour la mobilité et la santé des Parisiens. Et c'est positif pour leur cadre et leur qualité de vie. Selon une étude de l’Institut Paris Région publiée le 4 avril dernier, plus de 11 % des déplacements se font désormais à vélo dans la capitale.
Pour mémoire, le Plan Vélo 2021-2026 prévoit de créer 130 km de pistes supplémentaires, de sécuriser les carrefours, d’augmenter de moitié le nombre d’arceaux d’accroche et de déployer 100 000 nouvelles places de stationnement.
Mais je crois qu'il faut tenir deux promesses du Plan vélo 2021-2026.
La première promesse du Plan vélo, c'est celle de l'insertion locale sécurisée des pistes cyclables. Or, les Parisiens attendent toujours la tenue des promesses de sécurisation du Plan vélo, avec notamment des pistes cyclables séparées, de préférence unidirectionnelle, protégées des voitures comme des deux-roues motorisés, et continues, ainsi que des stationnements et parkings sécurisés. Avec aussi une indispensable sensibilisation des cyclistes à la difficile condition des piétons et des personnes à mobilité réduite. Le cycliste ne doit plus être encouragé à se considérer comme "l'usager-roi" de l'espace public parisien. C'est un enjeu décisif de responsabilité et de civisme.
La sécurité est aussi la principale demande des habitants du 8e arrondissement, usagers ou voisins des pistes cyclables. Les habitants de notre arrondissement attendent que soient sécurisées les pistes cyclables de la rue de la Pépinière et du boulevard des Batignolles. Pour cela, nous pouvons et nous devons nous appuyer "politiquement" sur le "Code de la rue", adopté le 6 juillet 2023, qui prévoit de supprimer les pistes cyclables sur les trottoirs. Les habitants du 8e attendent également que soient parfaitement sécurisées les nouvelles pistes cyclables projetées par le plan d'actions triennal 2024-2026 dans l'arrondissement, boulevard Haussmann et avenue de Friedland (un tronçon de 2,4 km au total), rue du Faubourg Saint-Honoré (2,1 km), rue de Constantinople (800 m), rue de Rome (300 m), rue Saint-Honoré (108 m) ou encore sur le pont Alexandre III (200 m).
La seconde promesse du Plan vélo, c'est celle de l'insertion locale équilibrée des pistes cyclables. Chaque aménagement de l'espace public devrait préserver un équilibre d'intérêt général entre les intérêts de ses différents usagers et de ses différentes parties prenantes. Or, certains aménagements rompent cet équilibre, à l'instar par exemple de la piste cyclable du boulevard Malesherbes. Son aménagement a supprimé l'intégralité des places de stationnement latérales, sans que la mesure de cette suppression soit strictement nécessaire, adaptée et proportionnée aux besoins. Résultat : aujourd'hui, des riverains du boulevard qui ont pourtant le droit de s'arrêter brièvement en bas de chez eux sont verbalisés alors qu'ils disposent de leur disque bleu…
Il est encore temps de rééquilibrer le projet initial d'aménagement de la piste cyclable, en restaurant un minimum de places de stationnement sur la bande technique prévue pour les zones de livraison, le stationnement des personnes handicapées et les taxis. La possibilité de s'arrêter brièvement au droit de chez soi pour décharger son véhicule doit évidemment être mieux garantie. Enfin, l'offre alternative de places de stationnement résidentiel, en surface et en souterrain, doit être développée à proximité immédiate du boulevard Malesherbes.
J'ai finalement voté pour ce projet de délibération.
Quel avenir pour le projet de groupe scolaire rue de Constantinople ?
J'ai ensuite défendu un premier vœu concernant l'avenir du projet de groupe scolaire au 25-27 rue de Constantinople. L'opération de construction prévue sur le site de l'ancien garage PSA, avec un groupe scolaire de 8 classes, près de 50 logements sociaux et une cuisine de production, est en effet prévue depuis dix ans. Au cours du Conseil du 8e arrondissement du 22 mai 2023, en réponse à une nouvelle question que je posais à ce sujet, avaient été annoncées une délivrance du permis de construire fin 2023, le temps d'intégrer certaines contraintes du futur PLU bioclimatique, une réunion publique d'information des habitants début 2024 et une livraison de l'école pour la rentrée scolaire 2026. Toutefois, à date, le calendrier du projet sur le site de l'ancien garage PSA continue de déraper, le permis de construire n'ayant pas été délivré et la réunion publique d'information n'ayant pas été organisée. N'oublions pas également que l'absence durable et non anticipée de bâti sur la parcelle du 25-27 rue de Constantinople est susceptible d'être un facteur de fragilisation structurelle des immeubles mitoyens.
Or, une révision de la carte scolaire est en cours consécutive à la baisse tendancielle des effectifs dans l'enseignement public du premier degré, à Paris en général et dans le 8e arrondissement en particulier. L’évolution de la démographie scolaire ne devrait pas s’améliorer à moyen terme, en raison de la baisse structurelle de la natalité, des conséquences durables de la crise sanitaire, des loyers élevés dans la capitale et, plus largement, de la dégradation du cadre et de la qualité de vie à Paris pour les familles.
Enfin, le secteur de la rue de Constantinople est carencé en espaces verts, les habitants exprimant d'ailleurs régulièrement leur attente d'un espace vert et d'éléments de végétalisation dans le secteur.
C'est pourquoi j'ai proposé que notre Conseil du 8e arrondissement émette le vœu que la Maire de Paris informe les habitants et les élus sur l'avenir du projet de groupe scolaire de 8 classes sur le site de l'ancien garage PSA au 25-27 rue de Constantinople ; et que, dans l'hypothèse où ce projet serait finalement abandonné, la Maire de Paris crée alors un espace vert au 25-27 rue de Constantinople.
Dans son intervention, la Maire du 8e arrondissement a indiqué que les expertises et contre-expertises sur la pollution du site seraient la principale explication du retard du projet. Le dépôt du permis de construire serait désormais prévu à l'automne.
"Réenchanter les Champs-Élysées" : plus de bénéficiaires et moins de contributeurs
Mon second vœu portait sur les bénéficiaires et le financement du projet "Réenchanter les Champs-Élysées". Le Comité Champs-Élysées a dévoilé et remis à la Ville de Paris le 27 mai les 152 propositions de l'étude de 1 800 pages pour "Réenchanter les Champs-Élysées" qu'il avait initiée et financée, à hauteur de 5 millions d'euros.
L'avenue des Champs-Élysées a déjà fait l'objet, avant les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, d'un "embellissement" d'un montant de 30 millions d'euros financé par la Ville de Paris. La "plus belle avenue du monde" devrait bientôt faire l'objet d'un "réaménagement global", après les JOP, lorsque la Ville de Paris, la Préfecture de police de Paris et l'Etat auront décidé de la suite à donner à tout ou partie des 152 propositions de l'étude "Réenchanter les Champs-Élysées", puis que les études opérationnelle et réglementaire (étude d'impact, concertation) auront été menées.
Je crois que, parmi les enjeux de cette future décision des pouvoirs publics (Mairie de Paris, Préfecture de police de Paris, Etat), figurent notamment le champ géographique du projet, la répartition de la charge de son financement, estimé à environ 250 millions d'euros, et la qualité patrimoniale du réaménagement.
D'une part, le projet présenté par le Comité Champs-Élysées exclut largement les habitants du quartier, lesquels peuvent légitimement éprouver, une fois de plus, le sentiment de vivre dans l'arrière-cour délaissée de la plus belle avenue du monde, avec notamment des problèmes de troubles à l'ordre public. Il faut dire que les mauvaises habitudes ont la vie dure. Le projet d'espace de logistique urbaine "Bright House" est emblématique de ces projets dans le secteur des Champs-Elysées, dont tous les avantages sont pour l'avenue et les touristes, et dont tous les inconvénients sont pour le quartier et les habitants. L'espace servira en effet pour l'acheminement de flux de marchandises approvisionnant des magasins sur l'avenue des Champs-Elysées, plutôt que de profiter aux acteurs économiques du quartier et contribuer ainsi à réduire les flux de marchandises dans le secteur. C'est donc la "double peine" pour les habitants et les commerçants du quartier, lesquels vont subir les inconvénients du projet en termes d'aggravation de la congestion routière, des nuisances sonores, de la pollution atmosphérique, sans bénéficier du moindre de ses avantages en termes de logistique.
D'autre part, la Ville de Paris n'a pas vocation à "réenchanter" les Champs-Élysées aux frais des contribuables parisiens mais dans l'intérêt - premier - des acteurs privés de l'avenue et des touristes ; elle n'a pas vocation à être le principal financeur de la stratégie de montée en gamme d'une artère qui se dédie manifestement au tourisme de luxe.
Enfin, les 152 propositions du Comité Champs-Élysées sont de qualité très inégale, certaines étant intéressantes au regard des besoins et des attentes des habitants du 8e arrondissement, mais d'autres étant inadaptées, voire encore "intrusives" vis-à-vis des prérogatives de la Ville de Paris et de la Préfecture de police de Paris, pourtant décideurs en dernier ressort, avec l'État. Par exemple, la proposition n° 60, "recréer un marché de Noël de qualité (sur le modèle de Strasbourg)", est intéressante. En revanche, la proposition n° 55, "créer de grands événements gratuits et fédérateurs place de la Concorde", est inadaptée, tout réaménagement de la place devant, au contraire, être strictement encadré en termes d'occupations événementielles, commerciales ou non. Quant à la proposition n° 66, "veiller à ce que les véhicules de police du commissariat du 8e arrondissement et de la surveillance de l'Elysée soient correctement garés", elle relève d'une volonté déplacée de micro-management intrusif.
C'est pourquoi j'ai proposé que notre Conseil du 8e arrondissement émette le vœu :
que la Maire de Paris élargisse les bénéficiaires du projet de "réaménagement global" de l'avenue des Champs-Élysées aux habitants du quartier, en y incluant les rues adjacentes du Colisée, La Boétie, de Berri, de Ponthieu, Washington, Balzac, Lord Byron et Chateaubriand ;
que la Maire de Paris limite le financement municipal pour les contribuables parisiens du projet de "réaménagement global" de l'avenue des Champs-Élysées, en partageant son coût, environ 250 millions d'euros, entre les enseignes de l'avenue des Champs-Élysées, les sociétés foncières et la Ville de Paris ;
que la Maire de Paris veille à ce le "réaménagement global" de l'avenue des Champs-Élysées respecte scrupuleusement la vocation historique et patrimoniale, ainsi que la circulation giratoire, de tous les secteurs des Champs-Élysées, depuis la place de l'Étoile jusqu'à la place de la Concorde, en passant par l'avenue haute, l'avenue basse et les jardins.
La Maire du 8e arrondissement a reconnu le fondement de mon vœu et la nécessité d'un suivi vigilant sur le financement du projet.
Il faut sauvegarder le commerce dans la rue du Rocher
Enfin, ma question orale portait sur la sauvegarde et la redynamisation du commerce et de l'artisanat dans le secteur de la rue du Rocher. De nombreux commerçants et habitants de la rue du Rocher et des rues adjacentes déplorent en effet la perte d'attractivité et les fermetures de commerces - alimentaires et non alimentaires - dans le secteur. Or, l'activité économique et le commerce de proximité participent pleinement du cadre et de la qualité de vie et de travail dans un quartier.
Bien sûr, nombre de commerces parisiens connaissent des difficultés économiques depuis plusieurs années du fait, notamment, des conséquences de la crise de la Covid, de la concurrence du commerce en ligne, du développement du télétravail et de l'évolution des modes de consommation. Mais, parmi les hypothèses explicatives des difficultés économiques rencontrées par les entreprises du secteur de la rue du Rocher, sont régulièrement avancés l'aménagement de la "rue aux écoles" rue de Monceau avec des barrières amovibles entre la rue du Rocher et la rue du Général Foy, laquelle aurait significativement réduit la circulation et la clientèle sur l'ensemble du secteur ; ainsi que l'abandon croissant de l'espace public, notamment en termes de saleté.
J'ai donc demandé à la Maire du 8e arrondissement les mesures qu'elle comptait prendre elle-même, et faire prendre par la Mairie de Paris, pour contribuer à sauvegarder et redynamiser le commerce dans la rue du Rocher et les rues adjacentes.
A l'occasion du réexamen du projet de "rue aux écoles" Monceau demandé par les Architectes des Bâtiments de France, un nouvel équilibre pourrait être trouvé pour mieux conjuguer l'indispensable sécurité des enfants et la vitalité souhaitable des commerces de la rue du Rocher. A l'instar de certaines "rues aux écoles" parisiennes où d'importants besoins en livraison empêchent la fermeture de la voie piétonne, j'ai donc demandé à la Maire du 8e arrondissement si l'option de l'ouverture des barrières amovibles en dehors des horaires d'entrée et de sortie des élèves de l'école Fénelon pouvait être étudiée ?
Enfin, je l'ai interrogée pour savoir si elle comptait demander aux services de la Direction de la propreté et de l'eau (DPE) d'intensifier durablement les opérations de nettoyage et de lavage de la rue du Rocher et des rues adjacentes.
La Maire du 8e arrondissement a considéré que la piétonnisation d'une voie contribuait généralement au renforcement de sa commercialité. Elle s'est engagée à demander aux services de la DPE un renforcement des opérations de nettoyage dans le secteur.
Vous trouverez ci-après des éléments sur le budget supplémentaire (BS) 2024 de l'état spécial de la Mairie du 8e arrondissement :
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