Attendue par les riverains des voies concernées, la réunion publique sur la pérennisation des aménagements cyclables des rues d'Amsterdam, du Havre et Tronchet organisée mercredi 24 novembre a malheureusement confirmé que la Mairie de Paris entendait continuer d’agir selon ses seules préférences, sans concertation ni consultation des riverains, tout juste leur information sommaire.
Après l’acte I de l’aménagement soudain de ces coronapistes par la Ville de Paris (juin 2020) puis l’acte II de l’annonce unilatérale de leur pérennisation par la Maire de Paris dans la presse (septembre 2020), l’acte III s’est donc joué dans le réfectoire du collège Condorcet, avec l’Adjoint à la Maire de Paris “en charge de la transformation de l'espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie” David BELLIARD, l’Adjoint à la Maire de Paris “en charge de la construction publique, du suivi des chantiers, de la coordination des travaux sur l’espace public” Jacques BAUDRIER, la Maire du 8e arrondissement Jeanne d’HAUTESERRE, le Premier adjoint à la Maire du 9e arrondissement Sébastien DULERMO et la Cheffe de la “mission vélo” de la Direction de la voirie et des déplacements (DVD) de la Ville de Paris Charlotte GUTH.
Je veux d’abord rappeler qu’il ne s’agit pas de s’opposer au développement du vélo à Paris, une tendance de la mobilité souhaitable pour l’amélioration du cadre et de la qualité de vie urbaine, mais de contribuer à l’organiser au plus près de l’intérêt général, lequel est nécessairement un compromis entre différents usages et usagers de l’espace public - cyclistes mais aussi piétons, automobilistes, bus, livreurs, taxis, etc. Sans idéologie ni sectarisme, mais avec pragmatisme et compréhension.
Suite aux interpellations de riverains, de professionnels et - j’insiste - d’usagers de la coronapiste rue d’Amsterdam, j’étais intervenue à de nombreuses reprises en Conseil d’arrondissement et dans le débat public afin d’améliorer l’aménagement initial, en vous consultant et en faisant des propositions pour sécuriser le cheminement des piétons et des cyclistes, tranquilliser les voies de report de circulation et rétablir la desserte des lignes de bus (voir aussi le 19 mai 2021 et le 18 juin 2020).
Le sentiment qui a prévalu dans le public au cours de la réunion du 24 novembre est celui d'être mis - une nouvelle fois - devant le fait accompli, puisque les travaux du projet de pérennisation des aménagements cyclables présenté démarreront dès janvier 2022, seule la traditionnelle trêve des confiseurs semblant empêcher un démarrage immédiat. En dépit de demandes répétées, le projet d'aménagement n'aura pas été communiqué en amont aux participants, ce qui leur aurait permis de formuler de nouvelles propositions constructives pour en améliorer le contenu grâce aux remontées de terrain et de vécu. Les membres du Conseil de quartier Europe n'auront pas été réunis en amont pour étudier le projet d'aménagement et émettre un avis éclairé sans doute utile. La Mairie de Paris aura poussé loin le refus de toute concertation puisqu’il semblerait que même la RATP, pourtant au premier chef concernée par le dévoiement des lignes n°21 et 95, n'aura pas été associée... Nous aurions pu ainsi en savoir plus sur le risque d’embolie de la place de l’Europe avec le nouveau projet de parcours via la rue de Londres.
C'est d'autant plus regrettable que, si certains riverains de la rue d'Amsterdam saluent logiquement l'amélioration de leur cadre de vie résultant de la baisse de la circulation générale, les effets pervers et les dommages collatéraux des aménagements demeurent entiers pour la majorité des autres riverains et usagers des rues d'Amsterdam, du Havre et Tronchet, tant en matière d'insécurité des piétons et des cyclistes, que de dégradation de la desserte de bus, de reports de circulation dans certaines rues adjacentes auparavant tranquilles, de dévitalisation commerciale des axes concernés ou encore de difficultés d'accès supplémentaires pour les livreurs. Avec un point noir en termes de circulation confinant parfois à une véritable jungle urbaine : le carrefour des rues d'Amsterdam, de Liège et de Moscou. Sans oublier l'illisibilité de la signalétique horizontale et verticale place de Clichy et les contraventions qui tombent comme à Gravelotte sur les riverains qui s'aventurent encore à charger / décharger au droit de leur immeuble...
Si la responsabilité de l'aménagement est in fine imputable à l'Hôtel de Ville de Paris, je déplore à nouveau que la Mairie du 8e arrondissement n'ait pas pris davantage d'initiatives pour influer sur le contenu du projet en corrigeant et améliorant les aménagements initiaux.
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