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Tribune (Valeurs Actuelles) | "La flamme du Soldat inconnu profanée, symptôme du mal-être français"

Dernière mise à jour : 7 août

La flamme du Soldat inconnu profanée.
La flamme du Soldat inconnu profanée.


TRIBUNE. Un homme allume sa cigarette avec la flamme éternelle du Soldat inconnu. La scène choque jusqu'à l'Elysée. Pour Catherine LÉCUYER, conseillère Changer Paris du VIIIe arrondissement, ce geste sans revendication et l'absence de réaction des témoins sont les symptômes d'une France minée par le nihilisme.


Un homme allume sa cigarette sur la flamme éternelle de la Tombe du Soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe. Ces quelques secondes d’une indécence abyssale disent tout d’un malaise français : la perte du sacré, le triomphe du relativisme et l’anesthésie collective des consciences. Ce n’est pas un simple fait divers. Ce n’est pas une incivilité de plus parmi les outrages ordinaires que le quotidien charrie. C’est un geste qui blesse la mémoire de ceux qui, hier, ont donné leur vie pour que nous puissions encore parler de liberté. C’est une profanation de notre histoire commune et de l’engagement de tous ceux qui, aujourd’hui encore, servent sous nos drapeaux. Cette profanation d’une flamme nous révèle beaucoup de ce que la France devient…


Le vide du nihilisme

Car cette flamme ne veille pas seulement sur les morts : elle veille aussi sur le sens du sacrifice qui inspire nos soldats et nos forces de sécurité. Ceux-là mêmes qui, dans l’ombre ou au front, acceptent de risquer leur vie pour que la Nation demeure. Cette profanation blesse et humilie tous les Français qui aiment leur pays. On s’indigne – à juste titre – de l’auteur de cet acte. Mais il faut aussi oser nommer l’indignité de ceux qui l’ont vu faire, sans un mot, sans un geste, sans un sursaut. Il faut regarder en face la passivité des témoins, symbole d’un peuple qui n’ose plus défendre ce qui le dépasse. Cet homme a allumé sa cigarette ; d’autres ont allumé leur caméra ; personne n’a allumé le feu du refus. Cette lâcheté est le reflet d’un peuple anesthésié.

Le plus glaçant est encore ailleurs : il n’y a pas eu la moindre revendication. Aucun discours, aucun prétexte, même absurde. Rien. Pas même une révolte. Seulement le vide du nihilisme. Un geste gratuit, désespérément creux, symptomatique d’une époque qui ne croit plus en rien, ne respecte plus rien. Le néant. Certains se rassureront en parlant d’un « acte isolé ». Mais rien n’est plus faux. Ce geste est le fruit d’un long processus de déconstruction : celui qui fait croire qu’aucun symbole n’est sacré, qu’aucun interdit n’est légitime, qu’aucune autorité n’a le droit de rappeler ce qu’on doit respecter. C’est le fruit amer du relativisme moral.


Retrouvons le courage du respect

Ce « tout est permis » omniprésent dans nos écoles, nos débats, nos médias, a un coût : l’effacement du sentiment d’appartenance et l’avènement du sentiment d’impunité. Aujourd’hui, profaner un lieu de mémoire ne suscite plus l’effroi, mais des haussements d’épaules. Demain, plus rien ne fera barrage à l’ensauvagement du quotidien. La profanation de la flamme éternelle n’est pas seulement un affront aux morts : elle est le signe avant-coureur de la dissolution du lien qui nous unit. Rappeler que certains symboles sont intangibles n’est pas une crispation rétrograde. Bien au contraire, c’est une exigence salutaire. Transmettre à nos enfants autre chose qu’un champ de ruines mémorielles suppose de dire que tout ne se vaut pas. Un peuple qui ne protège plus ses symboles est un peuple prêt à renoncer à se protéger lui-même.

Oui, il faut des sanctions exemplaires contre cet individu. Mais il faut surtout retrouver le courage collectif d’oser dire que le respect est une exigence, non une option. Qu’il existe, par-dessus tout, le respect dû à ceux qui sont tombés, à ceux qui veillent, et à tous ceux qui continuent d’aimer la France. Vite, retrouvons le courage du respect !

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