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Le 37 avenue George V, symbole d'une politique du logement déconnectée

Le 37 avenue George V est un dossier à 48 millions d'euros emblématique du fiasco de la politique du logement de la Mairie de Paris.
Le 37 avenue George V est un dossier à 48 millions d'euros emblématique du fiasco de la politique du logement de la Mairie de Paris.

La nouvelle de logements sociaux au 37 avenue George V dans le Triangle d’Or parisien fait à nouveau couler beaucoup d'encre : "À Paris, des logements sociaux dans le Triangle d’Or : les travaux vont (enfin) commencer" (Le Parisien), "Ville de Paris : 48 millions d'euros pour des HLM de luxe" (CNews)...

Le 37 avenue George V est en effet un dossier à 48 millions d'euros emblématique du fiasco de la politique du logement de la Mairie de Paris. J'ai eu l'occasion de le dénoncer à plusieurs reprises ces dernières années - ici, ici ou ici. Je veux y revenir brièvement.


Un dogme coûteux et contre-productif

La politique de logement d'Anne Hidalgo est guidée par un dogme : atteindre 40 % de logements publics d’ici 2035. Un objectif qui va bien au-delà des 25 % requis par la loi SRU et qui se traduit par des choix pour le moins discutables. Le plus notable est le fameux "pastillage", qui empiète sur le droit de propriété pour imposer des constructions de logements sociaux.

Cette politique n'est pas seulement idéologique, elle est surtout ruineuse. Le logement social est le premier poste d'investissement de la Ville, avec un budget de 428 millions d’euros en 2025. Le cas du 37 avenue George V est une illustration parfaite de cette dérive financière. Alors que le contribuable parisien débourse 48 millions d'euros pour un projet d'une poignée de logements, cette somme pourrait en financer deux à trois fois plus dans des quartiers moins chers. Le coût par logement est exorbitant et inefficace. Sans oublier que de nombreux éléments patrimoniaux (cheminées, boiseries, etc.) pourraient être endommagés par la réhabilitation...

Mais le plus grand échec de cette politique est qu'elle est contre-productive. Avec 260 000 ménages en attente d'un logement social, la Mairie de Paris aggrave la pénurie en multipliant les préemptions et les reconversions. Elle régule les loyers d'un côté, tout en laissant le phénomène Airbnb se développer sans contrôle de l'autre. Le résultat ? Une crise du logement qui s'intensifie, où les plus aisés et les plus aidés sont les seuls à pouvoir rester dans la capitale. Sans oublier que l'Hôtel de Ville a privé les bailleurs sociaux des moyens d'entretenir et de rénover les logements sociaux avec sa manœuvre comptable des "loyers capitalisés".


Une vision sans leviers et sans issue

La majorité du 8e arrondissement voudrait loger prioritairement les salariés des hôtels et restaurants au 37 avenue George V. Mais elle ne dispose d'aucun levier concret pour y parvenir. C'est un vœu pieux ! On affiche de grandes ambitions... mais sans les moyens de les réaliser ! Soit dit en passant, c'est la même majorité du 8e arrondissement qui a toujours voté "pour" les délibérations de l'Hôtel de Ville sur le dossier du 37 avenue George V, allant jusqu'à faire semblant de ne pas voir la politique d'accélération à marche forcée et à coûts exorbitants du logement social menée par Mme HIDALGO à Paris en général et dans le 8e arrondissement en particulier...


Heureusement, la programmation du 37 avenue George V prévoit aussi la réalisation d'un cabinet médical et de deux locaux commerciaux... J'espère que ces réalisations seront utiles et appréciées dans ce secteur du quartier Triangle d'Or.

Cette approche pousse les Parisiens hors de leur ville, en particulier les familles. Chaque année, plus de 12 000 d'entre eux quittent la capitale, incapables de trouver un logement abordable. Le logement à Paris est en train de se collectiviser, l'activité économique de décroître, et la ville de se densifier à outrance.





Pour une autre politique du logement : des propositions concrètes

Je suis favorable à une politique du logement social pour mieux loger les familles et les classes moyennes, mais je suis défavorable à la politique de production et d'attribution des logements sociaux menée par l'Hôtel de Ville de Paris.

Heureusement, il existe une autre voie. Il est urgent de mettre fin à cette logique du "toujours plus de social, partout et à n'importe quel prix". Plutôt que de gaspiller des millions d'euros dans des projets coûteux et inefficaces, il faudrait :

  • décider un moratoire sur la transformation de logements libres en logements sociaux et encadrer le droit de préemption, pour cesser de raréfier l'offre sur le marché privé ;

  • donner la priorité aux métiers en tension pour le logement social, afin de loger les classes moyennes ;

  • redéployer les investissements de la préemption vers la rénovation du parc social, pour que les locataires puissent vivre dans des conditions dignes, notamment en termes de salubrité ;

  • relancer l’accession sociale à la propriété, pour permettre aux familles de devenir propriétaires ;

  • inscrire la politique du logement dans une démarche globale de l'habitat, pour retenir les Parisiens en préservant une mixité fonctionnelle et sociale qui prenne en compte le cadre et la qualité de vie.

Le dossier du 37 avenue George V n'est pas un cas isolé, mais le symptôme d'une politique qui a échoué et perdu le sens de la mesure. En 2026, les Parisiens auront l'occasion de choisir une alternative pour une politique du logement plus juste et plus efficace, loin des dogmes et du gaspillage.

2 commentaires


Quel piège tendu aux occupants des logements sociaux : la vie est hors de prix dans le triangle d'or, aucun commerce à prix abordables à proximité. Le m2 y est si cher qu'aucun commerce alimentaire bon marché ne peut s'y installer.

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C'est tellement vrai. Les entreprises d'aide à domicile pour Seniors par exemple sont contraintes de recruter pour les 8, 16, 15 ème des personnes demeurant dans l'Est IdF, 1h30 à 2h de transport le matin, idem le soir !


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