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Défense du patrimoine parisien : pour un National Trust à la parisienne en plus de la Commission du Vieux Paris

Les lavatories de la place de la Madeleine sont emblématiques du patrimoine "oublié" de la capitale qu'un "National Trust à la parisienne"  pourrait contribuer à restaurer et entretenir.
Les lavatories de la place de la Madeleine sont emblématiques du patrimoine "oublié" de la capitale qu'un "National Trust à la parisienne" pourrait contribuer à restaurer et entretenir.

Le 8e arrondissement abrite un patrimoine architectural et urbain exceptionnel. Mais ce décor de prestige - hôtels particuliers, immeubles haussmanniens - est en réalité le théâtre d'un combat permanent pour préserver cet héritage contre la pression foncière, les chantiers de rénovation et le désengagement de la Mairie de Paris. La mobilisation constante de la Commission du Vieux Paris révèle la gravité de cette tension à l'échelle de toute la capitale. Le patrimoine parisien est en danger ! Face à cette menace et au manque de volonté politique actuel, je propose une solution de rupture : la création d'un "National Trust à la parisienne". Cet organisme dépasserait le cadre de la Commission du Vieux Paris pour devenir une force de frappe, financée par un partenariat public-privé, animée par la mobilisation citoyenne et une gestion pleinement participative.


La Commission du Vieux Paris, gardienne des adresses patrimoniales

Le rôle de la Commission du Vieux Paris au service du patrimoine de la capitale est crucial dans un arrondissement comme le 8e. Présidée par mon ami et ancien Maire du 1er arrondissement Jean-François LEGARET, la Commission examine et conseille la Maire de Paris sur les projets de construction, de modification ou de démolition qui mettent en jeu l'intégrité du patrimoine architectural et du tissu urbain.

Une simple consultation du bilan d'activité de la Commission en 2024 et du tableau de suivi de ses résolutions confirme que les enjeux patrimoniaux sont omniprésents dans l'arrondissement. La Commission a été amenée à se prononcer sur des adresses prestigieuses ou discrètes, sur des artères majeures ou sur des voies plus résidentielles, toutes touchant à l'âme de leurs quartiers : les 2, 22 et 26 de l'avenue Montaigne ; le 27-33 avenue des Champs-Élysées ; le 59 boulevard Haussmann ; le 88 rue du Faubourg Saint-Honoré ; le 8 rue Murillo ; ou encore le 90 rue de Courcelles. L'étude du projet au 90 rue de Courcelles, par exemple, a concerné la démolition partielle d'un immeuble construit en 1879. Ces interventions, qu'elles soient acceptées ou modifiées, illustrent la menace qui pèse sur les bâtiments sans protection maximale (ni classés, ni inscrits), parfois victimes de l'appétit de densification...

L'action de la Commission du Vieux Paris porte souvent ses fruits. Pour des adresses comme le 22 avenue Montaigne, le dialogue et les résolutions de la Commission ont permis de faire évoluer favorablement des projets initiaux qui menaçaient l'échelle ou l'esthétique des façades, assurant ainsi une meilleure intégration au paysage urbain.


Un quart de siècle de fiascos : la gauche comptable de la dégradation

Depuis 25 ans, la gauche a eu les mains libres à Paris. Son bilan patrimonial est un désastre. Des leviers puissants existent, mais ils ont été sciemment mis en sommeil ou détournés.

  • Le Fonds pour Paris est mort-né : créé en 2015 pour mobiliser le mécénat privé, il est aujourd'hui une coquille vide. Comment exiger l'aide du privé quand on saborde l'outil pour la mobiliser ?

  • Le Budget participatif est dévoyé : il finance des micro-interventions symboliques (réparation de grilles, nettoyage de fontaines, etc.) au lieu de restaurations structurantes. C'est l'alibi du petit entretien pour ne pas mener la politique du grand sauvetage, pourtant nécessaire.

  • Les partenariats public-privé sont au point mort : au-delà des bâches publicitaires, dont le financement est le bienvenu, aucune systématisation pour associer durablement mécènes et citoyens.

L'hypocrisie de l'exécutif municipal, qui parle patrimoine mais agit densification, est criante. Emmanuel GRÉGOIRE, longtemps Premier adjoint, ne peut évidemment s'exonérer de ce bilan catastrophique. Le Janus de la gauche parisienne - qui dénigre publiquement "Saccage Paris" mais présente un Manifeste pour une nouvelle esthétique parisienne afin de tenir compte des alertes lancées par le mouvement citoyen apparu au cours de la mandature… - est comptable de cette politique de désengagement, certainement pas la victime. L'heure n'est pas aux cris d'orfraie mais à la reddition des comptes !

Après un quart de siècle de socialo-communisme et en dépit de la mobilisation de la Commission du Vieux Paris, le diagnostic est sans appel : le patrimoine "oublié" de la capitale agonise en silence. Des hôtels particuliers restent à l'abandon, des églises de quartier continuent de se fissurer, des passages couverts se dégradent à grande vitesse. Le problème est moins un manque de moyens qu'une défaillance de volonté politique et l'échec d'outils existants...


L'électrochoc du Louvre et l'urgence d'un "National Trust à la parisienne"

Il ne faut jamais gâcher une crise ! C'est pourquoi je forme le vœu que le récent cambriolage du Louvre joue le rôle d'un "électrochoc" pour enfin ouvrir le débat sur le nécessaire renforcement de la défense du patrimoine à Paris. Comme l'a proposé la Ministre de la Culture Rachida DATI il y a déjà 1 an, nous devons nous inspirer du modèle britannique du National Trust (fondé en 1895), la plus grande organisation caritative de conservation du patrimoine au Royaume-Uni.


Le National Trust for Places of Historic Interest or Natural Beauty (le National Trust) est la plus grande organisation caritative de conservation du patrimoine au Royaume-Uni. Fondée en 1895, son identité repose sur un double objectif : la préservation d'une part et l'accès public d'autre part. Sa mission centrale est de protéger durablement des lieux historiques et naturels en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord, englobant des manoirs, châteaux, jardins, monuments industriels et plus de 780 miles de côtes. Financé par les cotisations de ses millions de membres et les dons, son impact en fait l'un des plus grands propriétaires fonciers du pays, jouant un rôle essentiel dans l'entretien, l'ouverture et la valorisation du patrimoine national pour les générations futures.

Inspiré du modèle britannique, un National Trust à la française pourrait être la solution pour mieux fédérer les énergies mobilisées par la défense du patrimoine. Paris devrait alors en être le laboratoire. La proposition d'un "National Trust à la parisienne" serait un acte de lucidité et de fierté nécessaire pour sauver l'héritage d'une capitale millénaire.

Ce "National Trust à la parisienne" pourrait reposer sur quatre piliers concrets.

  1. Premier pilier, un financement mixte et pérenne : il s'agirait d'un fonds mélangeant subventions publiques, dons privés massifs et une partie des revenus touristiques, pour cibler le patrimoine "oublié" évoqué plus haut (églises de quartier, hôtels particuliers, passages couverts, etc.).

  2. Deuxième pilier, une gestion locale et participative : la restauration et l'entretien du patrimoine pourraient être confiés à des équipes de proximité, en lien direct avec les associations expertes et les arrondissements, pour une meilleure réactivité.

  3. Troisième pilier, la mobilisation citoyenne et le mécénat : des campagnes de mécénat participatif massives et des chantiers bénévoles pourraient être lancés pour impliquer les Parisiens et les entreprises, faisant ainsi du citoyen et du mécène le premier rempart contre la ruine qui menace.

  4. Quatrième et dernier pilier, la formation par l'action : des "chantiers-écoles" pourraient être créés en mobilisant les écoles d’art et les ateliers municipaux. Restaurer un monument deviendra ainsi l'occasion de former la prochaine génération d'artisans d'art.

Le vol du Louvre doit être un déclic. La France a su se lever pour Notre-Dame. Paris doit désormais se mobiliser pour son patrimoine du quotidien ! La simple expertise, comme celle de la Commission du Vieux Paris, est nécessaire mais n'est plus suffisante. Un "National Trust à la parisienne" est désormais un impératif d'action pour préserver l'identité de la capitale. L'histoire jugera si nous avons sauvé Paris, ou si nous l'avons laissé sombrer dans l'oubli.

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