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Tribune (Atlantico) | L'aménagement de la Concorde est trop important pour être confié à Hidalgo !

Cette tribune a été publiée sur le site d'information indépendant Atlantico le vendredi 26 janvier 2024.


Pour la conseillère divers droite du 8e arrondissement, la maire de Paris n'a guère brillé par un savoir-faire particulier dans le domaine de la requalification des grandes places de la capitale…


La maire de Paris a annoncé que la moitié de la surface de la place de la Concorde ne serait pas rendue aux automobilistes après les Jeux Olympiques. La place est l'une des cinq places royales parisiennes, intégralement classée Monument historique, la plus vaste et emblématique de la capitale. C'est vrai, la circulation motorisée y est importante. Elle fait de la place un carrefour relativement inhospitalier pour la plupart des autres usagers.


Confiance rompue

Mais jusqu'à présent, Mme Hidalgo n'a pas brillé par un savoir-faire particulier dans le domaine de la requalification des grandes places de la capitale. Son historique est une suite de fiascos, dysfonctionnels en termes d'usages, inesthétiques en termes patrimoniaux. La place de la Madeleine a perdu en attractivité et connaît une vacance commerciale navrante. Les fontaines Bouroullec du rond-point des Champs choquent. La place de la République est devenue le lieu d'attroupements des professionnels de la manifestation et souvent du désordre.

Ma conviction est que l'aménagement de la place de la Concorde est une chose trop importante pour être confiée à Mme Hidalgo. Je suis ouverte au principe d'un aménagement à vocation historique et patrimoniale de la place, qui aille aussi dans le sens d'une réduction raisonnée et raisonnable - c'est-à-dire strictement nécessaire, adaptée et proportionnée - de l'espace occupé par la circulation. Mais je n'ai pas confiance en Mme Hidalgo.


Gardes-fous

C'est pourquoi des garde-fous doivent être prévus. Tout aménagement, c'est la base, devrait être précédé d'une restauration préalable des nombreux éléments patrimoniaux classés de la place de la Concorde qui restent dans un état de dégradation préoccupant, en dépit de plusieurs rénovations récemment effectuées sous la pression du pétitionnaire Baptiste Gianeselli. Je rappelle que la responsabilité de la conservation de la place incombe à la Ville de Paris, à l’exception des deux hôtels de Jacques-Ange Gabriel et de l’obélisque.

Tout aménagement devrait être concerté, avec l'ensemble des parties prenantes, à commencer par la Commission du Vieux Paris, l'architecte des bâtiments de France, le Préfet de police de Paris, les élus locaux. Tout aménagement devrait ensuite être étayé, avec une solide étude d'impact des reports de circulation et des rallongements des temps de parcours, laquelle anticiperait aussi les évolutions des flux de la circulation induites par la mise en place de la future Zone à trafic limité dans le centre de Paris.

Tout aménagement devrait également être soigné, avec la conservation de l'ensemble des perspectives actuelles : sur les jardins des Tuileries et des Champs-Elysées, sur l'Hôtel de la Marine, sur les pavillons Gabriel, sur l'Arc de Triomphe, sur l'Assemblée nationale. Le pavement et les travaux de voirie devraient être d'une excellente qualité, à la hauteur de la patrimonialité du site. Tout aménagement devrait enfin être encadré en termes d'occupations : il est hors de question que les nouveaux espaces piétons fassent l'objet d'une occupation événementielle, qu'elle soit commerciale ou non.


"Projet Rykner"

Les contours du projet d'aménagement de Mme Hidalgo sont encore trop flous concernant le contenu patrimonial et le cadrage budgétaire. A ce stade, il m'apparaît irresponsable de lui donner carte blanche. C'est pourquoi j'ai voté contre l'aménagement en conseil du 8e arrondissement.

Une piste raisonnée et raisonnable mériterait d'être étudiée, celle du contre-projet proposé par le directeur de la publication "La Tribune de l'Art". Didier Rykner préconise de réduire de moitié les voies actuelles de part et d'autre du terre-plein central, afin de réduire l'espace occupé par la circulation sans pour autant renoncer à une circulation giratoire, laquelle conserve tout son sens en termes de mobilité urbaine. Le cas échéant, je recommanderais que soient supprimées les voies les plus proches de ce terre-plein central, afin d'élargir l'espace où se trouvent l'obélisque et les deux fontaines des Fleuves et des Mers. Cette option permettrait aussi de contribuer à réduire la vitesse de circulation sur la place en "cassant" la ligne droite qui la traverse depuis le pont de la Concorde jusqu'à la rue Royale.


Catherine Lécuyer

Conseillère du 8e arrondissement de Paris (divers droite)



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