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"L'affaire Tahiti", emblématique de la mauvaise gestion d'Anne HIDALGO


Un faux "voyage JO alibi" pour de vraies "vacances déguisées" ?
Un faux "voyage JO alibi" pour de vraies "vacances déguisées" ?

Le déplacement de la Maire de Paris en Nouvelle-Calédonie puis en Polynésie française pour une semaine officielle de travail public (du 16 au 22 octobre) puis deux semaines officieuses de vacances privées (du 23 octobre au 5 novembre) est très vivement critiqué par les oppositions municipales, lesquelles dénoncent un faux "voyage JO alibi" pour de vraies "vacances déguisées". La polémique ne manquera pas d'animer le Conseil de Paris du 14 au 17 novembre. En tout état de cause, cette "affaire" dite "Tahiti" est emblématique de plusieurs des défauts majeurs de la gestion de la Ville par Anne HIDALGO, aux dépens des intérêts de Paris et des Parisiens.


Quelle justification ?

Premièrement, cette "affaire" est emblématique des biais de justification. De la visite du site de l'épreuve de surf des prochains Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024, où s'étaient pourtant déjà rendus cet été le Président du Comité d'organisation de Paris 2024 et la ministre des Sports, à la visite de l'allée de l'île des Pins inaugurée à l'occasion des 150 ans de la Commune de Paris, en passant par la préparation des prochaines éditions de la Nuit Blanche ou encore la valorisation du "Carnaval Tropical" organisé chaque année sur l'avenue des Champs-Elysées, le caractère "officiel" du déplacement, de même que son intérêt pour la capitale et pour ses habitants, n'est toujours pas clairement établi.


Sur-administration

Deuxièmement, elle est emblématique de la "sur-administration" de la capitale. Dans le cadre de son déplacement, la Maire de Paris était accompagnée d'une délégation composée de ses Adjoints aux Sports et aux Outre-mer, mais aussi de son Directeur de cabinet et de sa Cheffe de cabinet, des effectifs pour le moins pléthoriques qui ne correspondent ni aux besoins ni aux usages pour ce type de déplacement.


Opacité

Troisièmement, "l'affaire" est emblématique d'une opacité, d'une désinformation et d'une communication erratique récurrentes. Alors qu'aucune photo du séjour officiel n'avait été publiée pendant le déplacement, de crainte de l'évident "contraste" défavorable avec le contexte de crises internationales, de conflit armé entre Israël et le Hamas et de montée de l'antisémitisme en France et à Paris, Anne HIDALGO a en revanche publié le 19 octobre sur ses réseaux sociaux des images d'elle pédalant à vélo dans les rues de... Paris ! Une fois le pot aux roses découvert, la communication de crise a été pour le moins erratique, avec une succession de versions contradictoires et de motivations changeantes.


Défausse de responsabilité

Quatrièmement, elle est emblématique d'une tendance de la Maire de Paris à se défausser de sa responsabilité. L'avis du 10 novembre rendu par la Commission de Déontologie de la Ville de Paris, neuf membres nommés par la Maire de Paris qui ont plutôt vocation à conseiller a priori sur le respect des principes déontologiques pour prévenir une infraction ou un conflit d'intérêt, et non à "régulariser" a posteriori, apparaît comme un essai maladroit de "blanchiment administratif".


La Commission de déontologie de la Ville de Paris comprend neuf membres nommés par le Conseil de Paris : un professeur des Universités, un membre du Conseil d’État en fonction ou honoraire, un membre de la Cour de Cassation en fonction ou honoraire, un membre de la Cour des Comptes en fonction ou honoraire, des personnalités qualifiées compétentes en matière de déontologie. Le Président de la Commission de déontologie de la Ville de Paris est nommé par la Maire de Paris parmi les membres de la Commission. Les membres de la commission à la date du 14 novembre 2023 sont Yves CHARPENEL (Premier avocat général honoraire près la Cour de Cassation - Président de la CDVP et Référent des Elus et Collaborateurs), Marie-Françoise LEBON-BLANCHARD (Magistrate honoraire de l’ordre judiciaire et ancienne inspectrice générale adjointe - Personnalité qualifiée - Référente Agents de la CDVP), Catherine HIRSCH (Procureure générale honoraire près la Cour des Comptes - Personnalité qualifiée - Correspondant des Opérateurs de la Ville de Paris), Eliane HOULETTE (Procureur de la République Financier honoraire - Personnalité qualifiée), Airelle NIEPCE (Maître des requêtes au Conseil d’État), Sophie MOATI (Présidente honoraire de chambre à la Cour des Comptes), Pascal BEAUVAIS (Agrégé de droit privé et sciences criminelles et professeur des universités), René DOSIÈRE (Universitaire - ancien Député - Personnalité qualifiée), Robert GELLI (Magistrat judiciaire honoraire et déontologue de la Haute Autorité pour la Santé - Personnalité qualifiée).

Il est d'ailleurs intéressant de revenir sur les débats du Conseil de Paris des 11, 12 et 13 octobre 2022 au cours duquel les élus avaient délibéré sur la réforme des dispositifs déontologiques de la Ville de Paris et la création de la Commission de déontologie de la Ville de Paris (voir les pages 43 à 48 du Bulletin Officiel de la Ville de Paris rendant compte de ces débats). Passons sur l'habituelle autosatisfaction de la Maire de Paris, louant "un dispositif déontologique qui fait de Paris une ville pionnière" et des initiatives "saluées à l’échelle nationale et internationale", se félicitant que la Ville de Paris "soit parfois critiquée pour ses actions, ce qui est normal, mais jamais pour le non-respect des principes déontologiques", sans oublier de se réjouir de contribuer à "rétablir de la transparence et donc de la confiance avec nos concitoyens"... Tout va donc très bien dans le meilleur des mondes déontologiques ! Le Maire du 17e arrondissement, Geoffroy BOULARD, avait pourtant déjà proposé d'améliorer le processus de désignation des membres de la Commission de déontologie de la Ville de Paris en prévoyant, avant leur nomination, une étape préalable d'audition et de validation par l'assemblée délibérante qu'est le Conseil de Paris.


Inopportun

Cinquième et dernièrement, cette "affaire" est emblématique d'une certaine inconvenance. Ce déplacement d'un coût financier de 60 000 euros et d'un coût carbone d'environ 60 tonnes de CO2 est effectué au moment même où la Maire de Paris est responsable de l'augmentation de la taxe foncière des Parisiens de + 52%, ainsi que d'une dette de la Ville de Paris dépassant les 8 milliards d'euros, et où elle soutient tous azimuts une écologie "punitive" avec la mise en place à marche forcée de mesures telles que les zones à faibles émissions (ZFE), les zones à trafic limité (ZTL) ou encore la rénovation énergétique des copropriétés et l'interdiction progressive de la location de logement en fonction du diagnostic de performance énergétique (DPE).

Alors, certes, d'aucuns verront dans ce déplacement quelques motifs d'espoir : Anne HIDALGO nuirait d'autant moins à Paris qu'elle se tiendrait à distance de la capitale... Mais si les Parisiens sont devenus pour elle une préoccupation secondaire, le temps est peut-être venu qu'elle cède sa place. Nul n'est irremplaçable et certains le sont encore moins que d'autre.

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