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Tribune collective | Palace HLM avenue George V : l'idéologie à prix d'or !

Tribune collective | Palace HLM avenue George V : l'idéologie à prix d'or !

TRIBUNE COLLECTIVE - Coût pharaonique, délai interminable… Pour les trois élus du groupe Changer Paris, le projet de l'avenue George V symbolise une politique où l'idéologie l'emporte sur l'efficacité.


L'adjoint communiste au logement de la mairie de Paris se félicite de son annonce : après 17 années de tergiversations, le permis de construire pour transformer le palais résidentiel de la Belle Époque, situé au 37 avenue George V, en un HLM de luxe est enfin sur le point d'être déposé. Une opération qualifiée de "vertueuse" par ses promoteurs, malgré un coût pharaonique de 48 millions d'euros pour seulement 23 logements sociaux. Plus de 2 millions d'euros l'appartement dans ce quartier emblématique de l'ultra-luxe parisien !

L'histoire, soigneusement mise en scène, a de quoi séduire : en 2008, la mairie avait préempté ce joyau architectural, avec ses balcons en fer forgé ouvragé et ses ornements raffinés, pour 17 millions d'euros, avant de le revendre 20 ans plus tard à Paris Habitat pour 37 millions. Une plus-value spectaculaire. Mais les apparences sont trompeuses. Car le bailleur social devra assumer une dette colossale pendant un demi-siècle pour financer la facture de 48 millions d'euros, travaux inclus. Or cet Office Public de l'Habitat est détenu à 100% par la Ville. Cette contradiction éclaire pourquoi la dette municipale frôle désormais les 12 milliards d'euros…


L'esprit "kommounalka" à la parisienne

Pénétrons dans cet écrin de luxe, où le temps semble suspendu. Après avoir franchi le hall dallé de marbre, le regard est saisi par les ferronneries ciselées et les cages d’escalier monumentales, vestiges d’un âge d’or. Ces escaliers, autrefois foulés par les pas feutrés des réceptions mondaines, mènent désormais vers un destin bien différent : celui de studios de 30 m² et de trois-pièces de 70 m², taillés dans les vastes salons d’antan. Pour ce faire, il faudra sacrifier les volumes généreux, les parquets en point de Hongrie, les cheminées de marbre, et cloisonner l’ensemble avec du parquet flottant et des plaques de placo bas de gamme. Les moulures des plafonds, les peintures murales - ces témoignages d’un savoir-faire artisanal - ne seront bientôt plus qu’un souvenir lointain.

Gageons que les heureux élus de ces HLM de luxe se sentiront parfaitement à leur aise, nichés entre palaces étoilés, enseignes de luxe et sièges sociaux rutilants. Pour une simple baguette, un bouquet de carottes ou un rôti, la "ville du quart d’heure" risque de se transformer en une galère en RER. Peu importe : cette opération n'a jamais été dictée par la raison, mais par un dogmatisme municipal assumé. Lors des débats au Conseil de Paris, certains élus ont célébré l'arrivée du logement social dans le 8ᵉ arrondissement, le présentant comme "l'avant-garde éclairée de l'Ouest parisien". Une rhétorique qui, sous couvert de progressisme, masque surtout une volonté de donner à ce projet une légitimité symbolique, au mépris des réalités sociales. L'esprit kommounalka à la parisienne.


Renoncer à ce projet et restituer ce bien

Le comble ? La mairie compte monnayer à prix d'or (environ 2 000 € / m²) le droit de convertir ces bureaux en logements sociaux. Un mécanisme pervers qui permettra aux promoteurs de racheter ces droits pour transformer ailleurs des logements privés en bureaux, aggravant ainsi la pénurie de logements accessibles. Alors que la misère s'étale dans les rues et que les campements prolifèrent, la municipalité préfère offrir des palaces déclassés à quelques familles triées sur le volet parmi les 270 000 demandes en souffrance. Pendant ce temps, les bailleurs sociaux, étranglés financièrement, laissent se dégrader un parc déjà vétuste, tout en se voyant imposer ces lubies idéologiques ruineuses.

Nous voulons rompre avec cette logique. Chaque euro public doit être dépensé avec utilité et efficacité. Assez de coups d'éclat coûteux et de postures démagogiques ! Il est temps de privilégier des solutions pragmatiques et d'admettre que certaines opérations, comme celle du 37 avenue George V, sont des fiascos. La responsabilité politique exige alors un geste fort : renoncer à ce projet et restituer ce bien, inadapté aux missions d'une mairie. Voilà ce qu'est le véritable courage politique, pas ces grands gestes médiatiques qui aggravent les problèmes au lieu de les résoudre.


Catherine LÉCUYER, Conseillère Changer Paris du 8e arr. de Paris

Jean-Baptiste OLIVIER, ancien Sénateur, Conseiller de Paris élu du 13e arr. de Paris, Vice-Président du groupe Changer Paris

Aurélien VÉRON, Conseiller de Paris élu de Paris Centre, Porte-parole du groupe Changer Paris

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