Entretien (Valeurs actuelles) | "Paris : Avec Anne Hidalgo, les fiascos se sont multipliés, résume Catherine Lécuyer (Changer Paris)"
- Catherine Lécuyer
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour

ENTRETIEN. Catherine Lécuyer, conseillère Changer Paris du VIIIe arrondissement de Paris (Changer Paris) et soutien de Rachida Dati, expose les priorités du programme de la candidate en vue des élections municipales de 2026.
Cet entretien est à retrouver en ligne sur le site web de Valeurs actuelles.
Valeurs actuelles. La droite parisienne est aujourd’hui divisée en trois groupes (Changer Paris, proche de Rachida Dati ; Demain Paris, proche de Francis Szpiner et Union Capitale, réunissant des élus plus indépendants. Comment expliquez-vous une telle difficulté à moins d’un an des municipales ?
Catherine Lécuyer. Oui, je soutiens Rachida Dati car c’est la mieux placée pour mettre un terme à un quart de siècle de mauvaise gestion socialo-communiste de Paris et permettre l’alternance politique à droite que les Parisiens attendent et méritent. Les divisions et le tout-à-l’égo sont donc d’autant plus incompréhensibles quand on connaît l’importance de ces enjeux. Il est plus que temps de dépasser les logiques d’ambitions personnelles et de se concentrer sur l’essentiel : redresser Paris. La réalité, c’est qu’il reste de moins en moins d’élus de droite dans la capitale. Si nous ne parvenons pas à unir nos forces, nous jouons avec le feu.
Vous soutenez clairement Rachida Dati. Selon vous, quelle doit être sa priorité si elle devient l’an prochain le maire de Paris ?
Assainir les finances ! Il faut un audit et mettre à plat les finances de la Ville. On a une dette exponentielle : 10 milliards d’euros fin 2025, quasiment 12 milliards fin 2026. La question de la mise sous tutelle de la ville revient très souvent quand je rencontre des Parisiens sur les marchés. Il y a le sentiment d’une dette qui augmente, des projets pharaoniques, des travaux partout, faits, refaits, défaits… C’est la gabegie à tous les étages ! Certes, les finances ne sont pas un sujet très « glamour », mais plutôt que vendre du rêve, il faut être sérieux. Avec Anne Hidalgo, les fiascos se sont multipliés. Dans le privé, une telle gestion se terminerait très mal.
On pense aussi aux flots ininterrompus de subventions qu’offre la mairie de Paris à tant d’associations (280 millions d’euros par an). Que comptez-vous faire pour réduire cette dépense ?
Une trop grande partie des subventions distribuées par la Ville sont sans rapport avec l’intérêt général des Parisiens, voire sont distribuées suivant des logiques idéologiques ou clientélistes.. C’est un travail colossal que d’en décrypter les attributions, ligne par ligne. Et c’est loin d’être transparent : tout est organisé de manière à noyer l’information. On vous demande souvent de voter ces subventions en bloc, regroupées sous des intitulés très vagues, comme la thématique « Solidarités ». Ce flou empêche tout véritable contrôle démocratique. Il faut alors mener une véritable enquête, tirer la pelote pour comprendre qui reçoit quoi, et pourquoi… Mais ce travail n’est pas toujours fait, faute de temps ou de moyens. Plus grave encore : il n’existe aucun bilan clair. Et le vote groupé pose parfois de vrais dilemmes. Si une association mérite un soutien au milieu de dizaines d’autres aux objectifs discutables, il devient impossible de la soutenir sans cautionner tout le reste.
Autre grand chantier, la sécurité. Quelles sont vos principales propositions ?
D’abord, une priorité : il faut armer la police municipale. Aujourd’hui, les policiers municipaux parisiens sont en première ligne et n’ont aucun moyen de se défendre, ce qui conduit à une grave crise d’attractivité du métier. La police municipale parisienne a beaucoup de mal à recruter. Cette situation l’empêche de monter en puissance. La police municipale, toute jeune à Paris, car elle n’a que quatre ans d’existence, est encore mal identifiée des Parisiens. Il faut aussi revenir sur certaines initiatives socialistes comme les salles de shoot. Rachida Dati tiendra bientôt une réunion publique à ce sujet.
Si la droite veut gagner Paris, elle devra augmenter significativement son résultat dans les arrondissements de l’Est, aujourd’hui acquis à la gauche. Rachida Dati est-elle capable de parler à ces électeurs ?
C’est, à mon sens, l’un des grands atouts de Rachida Dati. Elle a la capacité de parler à tout le monde. Elle est très appréciée dans son propre arrondissement, le VIIe, mais lorsqu’elle se rend dans les arrondissements du Nord ou de l’Est de Paris, elle ne laisse personne indifférent. Rachida Dati suscite de l’espoir chez de nombreux habitants, confrontés à un environnement urbain dégradé. Ces Parisiens paient le prix fort de l’abandon de l’espace public et d’une gestion municipale défaillante. Rachida Dati incarne la méritocratie républicaine et l’idée de responsabilité, chère à la droite, selon laquelle "quand on veut, on peut". Dans ses fonctions antérieures, elle a aussi su se mobiliser en faveur d’un sursaut d’autorité que j’appelle moi aussi de mes vœux pour Paris.
Son appartenance au gouvernement n’est-elle pas un handicap ? Rachida Dati, prise par ses fonctions, n’a pas eu le temps de se rendre au dernier Conseil de Paris.
La campagne commencera véritablement en septembre. La stratégie de Rachida Dati est claire : elle affirme, avec justesse, que Les Républicains ne gagneront pas Paris seuls, avec leurs petits bras musclés. Il faut faire preuve de pragmatisme. Que cela plaise ou non, nous ne pourrons remporter Paris qu’avec une grande alliance de la droite et du centre. La fenêtre de tir est étroite, c’est un trou de souris — mais il existe ! Face à nous, une gauche profondément divisée. Et, surtout, nous sentons une lassitude, une exaspération croissante chez les Parisiens. Ont-ils vraiment envie de repartir pour un nouveau mandat socialiste ou écologiste ? Je ne le crois pas. Rachida Dati a également raison de défendre la réforme de la loi PLM, qui encadre le mode de scrutin municipal à Paris. Cette réforme rendrait le système plus lisible, plus démocratique, plus respectueux du choix des électeurs. Changer de mode de scrutin à Paris, c’est enfin plus de démocratie et moins de clientélisme dans la capitale !
Comment comptez-vous empêcher l’aggravation du patrimoine parisien ?
Paris ne sort pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une histoire, un temps long qui lui donne sa profondeur et son identité. La beauté élève. Lorsqu’on évolue dans un environnement dégradé, négligé, on n’est pas tiré vers le haut, bien au contraire. Il est essentiel de défendre notre patrimoine. Le grand patrimoine, bien sûr – notamment le patrimoine cultuel – mais aussi le petit patrimoine, souvent oublié. Je pense, par exemple, au fameux théâtre de Guignol près des Champs-Élysées. Sous les mandats d’Anne Hidalgo, le patrimoine a été le grand oublié.
Le logement, et notamment la gestion du parc social, est aussi un grand sujet de crispation pour beaucoup de Parisiens.
Prenez l’exemple sidérant de la méthode dite du pastillage : il s’agit d’immeubles ou de parcelles cadastrales, appartenant à des propriétaires privés, qui ont été fléchés pour accueillir du logement social. Or, ces propriétaires ne sont même pas informés individuellement. C’est tout simplement hallucinant ! Certains découvrent, en passant chez le notaire, que la valeur de leur bien a considérablement chuté. La Ville de Paris semble cibler en priorité les arrondissements de droite, jugés trop bourgeois à son goût. C’est une atteinte manifeste au droit de propriété ! Nous ne sommes pas en URSS, même si l’adjoint au logement est ouvertement communiste… Un communisme assumé, qui avance sans complexe. J’espère que lorsque nous serons aux responsabilités, nous saurons faire preuve de la même fermeté – mais pour défaire ce qui a été fait en matière de logement. Le logement social à Paris coûte extrêmement cher. Est-il vraiment rationnel d’en construire avenue George V, avenue Matignon ou rue du Faubourg Saint-Honoré ? Ce n’est pas seulement coûteux pour la collectivité, c’est aussi pénalisant pour les locataires concernés : leur niveau de vie ne leur permet pas de vivre sereinement dans ces quartiers où le coût de la vie est particulièrement élevé. La politique du logement de la Maire de Paris est réduite au seul logement social et sa politique du logement social est quant à elle exorbitante, idéologique, contre-productive pour tous (y compris les logements sociaux qui ne sont plus rénovés…) et menée à marche forcée !
Dernier grand thème, les transports et la mobilité. La droite est-elle le parti de la voiture là où la gauche serait la défenseure des cyclistes ?
Nous avons, par le passé, accordé une place excessive à la voiture. Une régulation était donc nécessaire, elle devait être engagée. Je suis évidemment attachée aux questions environnementales et je circule moi-même à vélo, ce qui me donne une certaine légitimité pour parler, notamment, des pistes cyclables. En matière de mobilité, il manque une vision d’ensemble : les conséquences du report de circulation n’ont pas été suffisamment anticipées. Mon leitmotiv, c’est de dire qu’une ville doit être un équilibre.
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