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Tribune | BALTARD contre HIDALGO : deux visions opposées de Paris

Dernière mise à jour : 20 juin

L’église Saint-Augustin répond en 1859 au désir d’HAUSSMANN de voir une coupole couronnée sur le boulevard Malesherbes.
BALTARD a conçu l'église Saint-Augustin en 1859 pour répondre au désir d’HAUSSMANN de voir une coupole couronnée sur le boulevard Malesherbes.

TRIBUNE - A l'occasion des 220 ans de la naissance de l'architecte du Second Empire, la Conseillère du 8e arrondissement Catherine LÉCUYER (groupe Changer Paris) appelle à retrouver de la cohérence, de l'élégance et une vision d'ensemble pour l'aménagement de Paris.


Le 19 juin marque les 220 ans de la naissance de Victor BALTARD, architecte emblématique du Second Empire, à qui l’on doit entre autres les Halles centrales et l’église Saint-Augustin. Ce n’est pas qu’une date d’anniversaire : c’est l’occasion de mesurer le chemin parcouru - ou perdu - entre le Paris du XIXe siècle, bâti pour durer, et le Paris d’aujourd’hui, transformé à coups d’expérimentations éphémères.


Du beau fonctionnel au laid dysfonctionnel

Avec Napoléon III et HAUSSMANN, BALTARD a dessiné une capitale fonctionnelle et harmonieuse, où le progrès technique servait l’esthétique, et où la beauté répondait à un besoin concret : nourrir la ville, la rendre saine, fluide, vivable. Paris était pensé comme un tout, avec des lignes, des volumes, des matériaux durables. C’était une vision, pas un bricolage.

Aujourd’hui, ce Paris-là s’efface sous une accumulation de mobilier urbain hétéroclite : pots de fleurs en plastique aux couleurs criardes, barrières, plots en béton brut. Ces éléments, loin d’embellir la ville, viennent briser l’élégance des perspectives haussmanniennes et rompent l’harmonie des matériaux anciens. Là où les bâtisseurs du XIXe siècle cherchaient la beauté dans la cohérence, on impose désormais un désordre visuel permanent. L’écologie de façade a remplacé l’esthétique réfléchie.

L’esthétique haussmannienne - lisible, majestueuse, cohérente - est remplacée par une esthétique de la contrainte. À force de sanctuariser l’espace, on le rend impraticable. À force de vouloir végétaliser dans l’urgence, on multiplie ces aménagements provisoires qui défigurent la ville. À force de déconstruire au nom du climat, on oublie que le durable, c’est aussi ce qui a déjà fait ses preuves.


Construire pour demain sans abîmer ce qui tient

BALTARD ne sacralisait pas le passé. Il inventait un futur - mais un futur ancré dans la forme, dans la matière, dans la continuité du récit parisien. Aujourd’hui, on préfère le provisoire : un été, une expérimentation, une installation. Le temps long n’intéresse plus. Le patrimoine est vu comme un frein, non comme un socle.

Et pourtant, c’est cette alliance du beau et de l’utile qui a fait la force de Paris. Ce que BALTARD avait compris, c’est que l’urbanisme est un langage, qu’il structure le quotidien et dit quelque chose de nous. Là où le Paris du XIXe siècle offrait des repères, celui d’aujourd’hui brouille tout. À vouloir faire de la ville un terrain d’idéologie, on oublie que c’est d’abord un espace à vivre, à aimer, à transmettre.

Redonnons à Paris ce qu’on lui enlève trop souvent aujourd’hui : de la cohérence, de l’élégance, une vision d’ensemble. Honorer BALTARD, ce n’est pas regarder en arrière. C’est réapprendre à construire pour demain, sans abîmer ce qui tient encore debout.

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