J’ai interrogé Mme Hidalgo en Conseil de Paris afin de connaître les mesures qu’elle compte prendre, et suivant quel calendrier, pour renforcer les moyens matériels et humains alloués au désaffichage des devantures des commerces dégradés dans le 8ème arrondissement.
J’ai rappelé à la Maire de Paris que certains commerçants ont le sentiment de subir une “double peine” : leurs commerces semblent en effet livrés aux “afficheurs sauvages” après avoir été “livrés” aux pilleurs.
Retrouvez ci-après le texte de mon intervention.
Madame le maire,
Depuis près de 4 mois, le 8ème arrondissement est le théâtre de violences intolérables. Les commerçants de l’avenue des Champs-Elysées bien sûr mais aussi de nombreuses rues adjacentes ont été touchées et notre arrondissement tout entier peine à se remettre. Les stigmates des événements de ces dernières semaines sont encore très présents malgré le travail remarquable des services de propreté de la ville et l’énergie déployée par les commerçants pour reprendre leurs activités le plus rapidement possible.
Cependant, un phénomène prend particulièrement de l’ampleur et participe à ce sentiment de décrépitude et de désolation que l’on ne peut s’empêcher de ressentir face à ces innombrables façades de commerces vandalisées ces 4 derniers mois. Il s’agit d’un affichage sauvage particulièrement agressif qui vient recouvrir vitrines de magasins en faillite et plaques en contre-plaqué de protection que de nombreux commerçants font le choix de conserver d’une semaine à l’autre pour des raisons financières ou par manque de main-d’œuvre pour les enlever et les remettre. Cet affichage nuit à l’attractivité de ces commerces et les fragilise encore davantage.
Ceci est d’autant plus surprenant que ce sont, la plupart du temps, des grandes marques qui profitent de ces panneaux d’affichage gratuits et qu’une agence est principalement aux manettes en toute impunité. Cette agence vous la connaissez bien puisque vous avez eu l’occasion de recourir à ses services pour de nombreuses opérations : budget participatif, Femmes en sports, les Pierrots de la nuit, Nuit blanche, Paris jeunes talents, Roulez jeunesse etc. Il s’agit d’Urban Act, une agence de communication qui se présente comme spécialiste du Street Marketing et du guerilla Marketing. Sur son site internet, Urban Act valorise sans aucun état d’âme son savoir-faire en matière d’affichage sauvage et de détournement de supports urbains. En réalité, il s’agit de s’offrir une campagne gratuite de publicité sur les murs, les devantures de magasins et autres supports publics ou privés en faisant fi de la pollution visuelle, des nuisances occasionnées et surtout en s’affranchissant des lois.
En 2015, vous annonciez intensifier la lutte contre de telles pratiques avec des dépôts de plaintes ou signalement au parquet pour toute infraction. 4 ans après, où en est-on ? Le témoignage d’un colleur d’affiches est accablant : très peu de verbalisation de la part de la ville et quand cela est le cas, seulement 68 euros d’amende. Le seul moyen pour un commerçant d’échapper à une façade recouverte de publicités Sessun, Weston, Vogue ou autre et de mentionner l’interdiction d’afficher sous peine d’amende sur sa vitrine.
Les événements de ces dernières semaines ont fourni quantité de nouveaux terrains de jeu à Urban Act qui profite de façon indécente des vitrines de commerces en faillite et des palissades de protection contre le vandalisme.
Les commerçants ont le sentiment de subir une « double peine » : leurs commerces semblent livrés à l’abandon après avoir été livrés aux pilleurs. Le 8ème arrondissement est particulièrement impacté car il est un arrondissement de choix pour des campagnes de publicité haut de gamme.
Je souhaite donc madame le maire savoir quelles mesures vous comptez prendre afin de sanctionner durement de telles pratiques qui pénalisent grandement nos commerçants et l’image de Paris. Pour mémoire dans le cadre de la MIE propreté, présidée par Florence Berthout, nous préconisions de renforcer les moyens juridiques de lutte contre l’affichage sauvage et les graffitis pour mieux sanctionner leurs auteurs. De plus, quels moyens sont mis à disposition des commerçants qui souhaitent faire désafficher leurs vitrines ? Comment envisagez-vous de communiquer sur ce sujet ? En 2015, vous aviez facturé à des annonceurs des frais de nettoyage. Cette initiative mériterait d’être proposée à tous les commerces concernés par ces pratiques. Et pour finir, peut-être serait-il bon de clarifier vos relations avec l’agence Urban Act qui semble bénéficier d’une tolérance inappropriée compte tenu de son mode opératoire.
Je vous remercie.
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