Après le succès légitime des jeux olympiques, je plaide pour que la capitale soit enfin "libérée" de ses principaux maux - la saleté, l'insécurité et la congestion.
Les jeux olympiques de - et dans - Paris ont démontré que la capitale souhaitée par la majorité des Parisiens est donc possible. Pendant plusieurs semaines, en effet, les rues furent plus propres, les habitants furent plus en sécurité, les déplacements furent plus fluides. Même les éléments du "petit" patrimoine parisien furent restaurés in extremis pour être enfin mieux mis en valeur, après des années d'abandon manifeste.
Une organisation du travail plus efficace
Comment ce Paris souhaitable est-il devenu soudainement possible ? Les retours d'expérience des principaux décideurs publics convergent : la nouvelle organisation de leur travail, en mode "projet olympique", avec une approche plus transversale, coordonnée et agile des ressources humaines et matérielles, s'est avérée très efficace. Elle a su faire vivre la subsidiarité des compétences et la proximité de la décision.
Ainsi Anne HIDALGO, la maire de Paris, a-t-elle simplement réorganisé les services de la propreté avec des horaires plus flexibles et extensibles, en faisant certes un effort de réactivité mais sans augmenter le nombre des agents déployés sur le terrain. Laurent NUNEZ, le préfet de police de Paris, a lui bénéficié de la mise en place inédite d'une chaîne de commandement unique pour prendre les décisions concernant l'ensemble des forces de l'ordre mobilisées sur la "plaque parisienne". Valérie PÉCRESSE, la présidente de la Région et d'Île-de-France Mobilités, autorité organisatrice de la mobilité régionale, a pu compter sur la coordination des différents opérateurs de transport en commun pour améliorer la qualité de service et l'information voyageurs. Bien sûr, la "fuite" hors Paris d'une partie des habitants et des professionnels a aussi contribué à l'évidente décongestion de la chaussée parisienne…
L'indispensable impulsion politique
En termes d'héritage des jeux, si la vasque et les statues, c'est bien (je suis en revanche réservée sur les anneaux olympiques sur la tour Eiffel), la propreté, la sécurité, la mobilité, ce serait encore mieux. Attention au risque de "JOstalgie" ! Certes, Paris sans les Parisiens fut sans doute moins difficile à gérer. Le niveau de mobilisation de certains acteurs pendant les jeux fut par ailleurs inédit et, sûrement, non reproductible. Mais c'est d'abord et avant tout de volonté politique dont il s'agit. Et si la maire de Paris n'est heureusement pas responsable de tout dans la capitale, elle décide dans de nombreux domaines et elle doit davantage exercer son pouvoir d'influence dans les autres.
Afin d'adapter durablement la réponse des services municipaux de la propreté au plus près de besoins évolutifs, l'édile doit pérenniser deux dispositifs : les heures supplémentaires sur la base du volontariat et la flexibilité des horaires.
La présence forte et visible des forces de l'ordre sur la voie publique pendant les jeux a été manifestement efficace : Mme Hidalgo doit donc y participer, à son niveau, en accélérant la montée en puissance de la police municipale et le déploiement de la vidéoprotection.
La maire de Paris est responsable du plan de circulation générale dans la capitale : elle doit corriger les aménagements qui se traduisent par de véritables "gymkhanas" et d'inextricables embouteillages dans de trop nombreux quartiers, compromettant aussi le déplacement des services de secours et de sécurité.
La Ville de Paris doit également faire pression sur les opérateurs pour maintenir la ponctualité et l'efficacité des transports en commun franciliens en rendant durable la hausse du nombre des métros et RER.
Elle doit enfin être force de proposition pour améliorer - dans les meilleurs délais - l'accessibilité des transports à toutes les personnes en situation de handicap. D'autres mesures provisoires permises par la loi olympique de 2023 méritent d'être pérennisées, à commencer par l'usage de la vidéoprotection intelligente.
Si certains héritages des jeux sont souhaitables, d'autres sont au contraire à rejeter. Ainsi du projet de voie olympique et de réduction de la vitesse autorisée sur le boulevard périphérique. Alors que les Franciliens se sont exprimés contre et que l'étude d'impact manque toujours à l'appel, ce projet revient à une privatisation partielle de la voie circulaire portée par la seule maire de Paris, envers et contre tous, ce qui interroge une nouvelle fois sur sa politique des mobilités.
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